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L’Europe, une mauvaise histoire belge



Votre Pot aux Roses, une fois !



L’Europe, une mauvaise histoire belge
1 - Sous le Flanby la plage

Pourquoi ne pas avoir demandé l’asile politique à Wallis et Futuna, terre où les fonctionnaires et autres politiciens seraient particulièrement choyés si l’on en croit les gazettes ? Notre président va se poser la question quand il retrouvera la pluvieuse et fraîche réalité parisienne. Il espérait se mettre au vert turquoise et rabattre quelques lointains suffrages pour des échéances électorales qui s’annoncent très mal pour lui. Mais, en deux ou trois jours, alors qu’il menait son pédalo sur les mers chaudes, nous vîmes Blanche-Ségolène mordre le museau d’Ayrault au sujet d’un aéroport qui jamais ne sera construit, El-Khomri vanter puis renier le 49-3 pour imposer une loi qui n’impose rien mais effraie quand même les gauchistes, Valls tacler Macron, Macron enquiquiner Valls, etc. Son Premier ministre ne se cache même plus pour lui savonner la planche.

Quel gouvénervement que cela ! Cela dit, la logique est sauve : Mou-Président a exploré des abysses sondagières lors de son escapade dans le Pacifique. Ce doit être cela la fosse de Marianne.


2 - Pourquoi tant de Shengen ?

Alors que les voisins de la Grèce la transforment en cul-de-sac pour clandestins comme les Anglais l’ont fait de Calais, voilà désormais que nos amis les Belges refusent de voir rappliquer ces mistigris. Ils vont rétablir les contrôles aux frontières ! Cela a tout de l’effet d’annonce car, au vu de la configuration des lieux, il faudrait mettre un gabelou dans le moindre talus et derrière chaque comptoir de bistro. Mais le mouvement est enclenché et l’Europe se délite sous nos yeux. Tant que l’Union n’aura pas le courage de renvoyer manu militari des bateaux et camions dont les occupants, à 95 % d’entre eux, ne fuient pas un péril imminent mais cherchent simplement une vie meilleure, la pression aux frontières sera insupportable. Ils sont des dizaines de millions à rêver d’El Dorado et ce ne sont pas les lourdes menaces islamistes qui pèsent sur l’Algérie ou le Maroc qui arrangeront les choses.

Tout le problème vient du fait qu’en matière migratoire comme monétaire, l’Europe s’est d’abord pliée aux intérêts allemands. Disposant d’une industrie robuste et délocalisant largement en Europe de l’Est, hors zone euro, l’économie allemande a rapidement vampirisé celle de ses voisins, notamment la française. De même, Merkel a cru se refaire une virginité politique après l’affaire grecque en ouvrant largement ses frontières devant les caméras tout en bénéficiant au passage d’une main d’œuvre à bas coût qui permettrait aux entreprises allemandes de ne plus avoir besoin du concours de leurs voisins orientaux.

Ces calculs achoppent sur l’appauvrissement des autres pays de l’Union, qui ne sont plus des clients suffisamment solvables et qu’il faut désormais soutenir à bout de bras en acceptant que Mario Draghi monétise leur dette publique.

Ils se heurtent également à la réalité d’une immigration qui n’a rien à voir avec celle en provenance de Turquie depuis les années 1960 : en lieu et place de mâles célibataires libérés du carcan musulman grâce aux efforts éducatifs d’Atatürk et de ses successeurs, l’Europe reçoit aujourd’hui des familles engoncées dans des pratiques religieuses et sociales archaïques qui vont rapidement chercher dans le système d’allocations publiques la solution à leurs difficultés.

De même, la politique traditionnellement pro-turque de Berlin a empêché l’Europe de taper du poing sur la table dans l’affaire syrienne. Plutôt que de faire la danse du ventre devant Erdogan et lui promettre des milliards, il fallait mettre la Turquie au pied du mur : soit elle empêchait les flux de population et de djihadistes entre l’Europe, son territoire et la Syrie, soit les accords qui lui bénéficient pour l’accès au marché européen étaient suspendus. Mais, de cela, l’Allemagne ne voulait pas pour ne pas froisser son vieil allié. Finalement, comme on pouvait le pressentir dès l’automne dernier, la question migratoire nous délivrera peut-être de cette construction européenne aberrante plus rapidement et plus sûrement que dix ans de crise économique larvée.


3 – Donald et Boris : le retour des Bad Guys

Pauvre presse socialisante et subventionnée ! Elle ne sait plus quel anathème lancer contre les méchants provocateurs, un tantinet démagogues il est vrai, qui, aux Etats-Unis comme en Grande-Bretagne, s’en prennent à leurs icônes : la politique d’Obama ou celle des Eurocrates.

Donald Trump et Boris Johnson font mine de s’attaquer sans chichis à la question migratoire et de jouer la carte d’un isolationnisme décomplexé. Ne soyons pas naïfs, il s’agit évidemment de postures électorales mais, malgré tout, leur éventuelle accession au pouvoir aurait des conséquences puissantes sur l’ordre mondial.

Prenons le cas du Brexit. David Cameron avait cru jouer au plus malin en proposant un referendum sur le sujet lors des dernières élections aux communes. Il voulait surfer sur l’hostilité des Britanniques à l’Union européenne mais, largement acquis aux intérêts de la City, pensait pouvoir escamoter le problème après sa victoire. Las ! Le spectacle de la crise migratoire et économique sur le continent incite une majorité de ses concitoyens à faire fi des avantages que les milieux financiers tirent de leur confortable position : bénéficiant de l’Union quand elle les arrange mais se mettant à l’écart quand elle les gêne.

La comédie jouée avec Tusk n’a pas suffi à les remettre dans le droit chemin et les sondages sont toujours en faveur du Brexit. Du coup, le chantage au chaos réapparaît : à en croire ses adversaires, la sortie britannique ruinerait l’économie insulaire.

Depuis plus de 20 ans, les opinions sont sermonnées lorsqu’elles se défient de l’Europe et, au besoin, les referendums et leurs résultats enterrés quand ils déplaisent à la caste dirigeante. Mais il arrivera bien un moment où cette construction autoritaire qui ne tient plus que par la dette et le conditionnement médiatique finira par trébucher. A l’évidence, ce moment approche et il se trouve quelques intuitifs aventuriers en politique pour le sentir et parier sur sa survenue. Ils ont pour nom Trump et Johnson. Au fond, le problème de la France est qu’elle n’a pas encore trouvé leur équivalent.

Jeudi 25 Février 2016
Serge Federbusch





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