1 - Un goût de revenez-y ?
Ils s’étaient massivement laissés berner en 2012, avaient cru à ses calembredaines sur la finance ennemie, ses billevesées sur le changement maintenant, ses coquecigrues sur la France apaisée, ses mirages sur la création d’emplois d’enseignants, etc. Leur haine de Sarkozy avait fait le reste. Très vite, ils ont senti qu’Hollande les avait bernés. Les bobos.
Il n’y eut aucune renégociation des accords européens, aucun plan de relance, peu d’embauches nettes dans l’éducation nationale, juste des impôts supplémentaires, à petite dose sur les clientèles de la gauche ; francs et massifs pour celles de la droite. Une série de scandales retentissants (Cahuzac, Thévenoud) et des escapades roucoulantes à scooter achevèrent de discréditer le leader éphémère. Des bobos.
Voilà soudain que des massacres semblent le relancer, que le «tous Charlie» lui redonne contenance et ressoude leurs rangs.
Pourtant, Hollande est l’un des premiers responsables de la situation, lui qui refuse encore d’interdire le port du voile à l’université et a toujours eu une attitude trouble vis-à-vis du communautarisme ; lui qui évite que la république fasse enfin le travail de fermeté et de clarification nécessaire face à un fondamentalisme qui est un affront aux valeurs républicaines et un terreau pour la violence obscurantiste, lui qui ose dire que les musulmans sont les premières victimes du terrorisme comme si Amedy Coulibaly avait pris d’assaut une boucherie halal. Sans même parler des nombreux ratés qui, avant le dénouement final, ont permis à trois tueurs de semer la terreur dans Paris sans être inquiétés pendant plus de quarante huit heures.
Peu importe, puisque les sondages remontent. Du reste, on peut légitimement douter de la santé mentale des jeunes bobos en observant ce qui s’est produit récemment à l’école du barreau de Paris. Un avocat qui y enseigne s’est ému du port du voile par une élève. Il a dû s’énerver vraiment car il a ôté une partie de ses vêtements en lui disant qu’il défendait la culture naturiste et que, dans ces conditions, il réclamait le droit de faire cours dans le plus simple appareil comme elle entend protéger sa pudeur. Que croyez-vous que firent les étudiants ? Ils se solidarisèrent de la pauvresse, atteinte dans sa dignité. Et la direction de l’école lui présenta des excuses tout en envisageant de sanctionner l'enseignant !
On comprend pourquoi, avec un tel public, l’attrape-bobos se remet rapidement en action. Pour se réconcilier cet électorat désorienté, on flambe à nouveau les crédits. L’argent que la baisse du prix de l’énergie importée et la planche à billets de Draghi nous apportera - si tout va bien - est déjà dépensé. Symbole consternant, le régime des intermittents du spectacle va être ainsi «sanctuarisé par la loi», perpétuant sa gabegie.
On envisage d'arroser de plus belle la presse, si docile, si compréhensive.
Les pires délires bureaucratiques badigeonnés de démagogie se remettent gaiement en place. Au moment où l’on débat à n’en plus finir de quelques dimanches ouvrés dans le commerce, la loi Alur, bombe à retardement posée par Duflot, va transformer en parcours du combattant la tâche du propriétaire de logement qui voudra expulser un mauvais payeur. Ce n’est pas demain la veille que l’investissement locatif et, dans son sillage, la construction repartiront de l’avant en France.
Bah, qu’importe, peut-être se résigneront-ils à revoter socialiste. Ils ne comprennent pas bien les menaces qui les cernent mais se sentent un peu moins seuls lorsqu’ils défilent de la République à la Nation. Nos bobos.
2 - Heureux comme un franc en Suisse
La pression à sa réévaluation étant trop forte, la Banque nationale de Suisse a renoncé à racheter sans fin des euros pour contenir artificiellement le cours du franc. Les médias français décérébrés ont parlé d’une «explosion» de la monnaie suisse alors que c’est d’une chute brutale de la devise européenne dont il s’agit. Plus exactement, d’une métastase de la création monétaire qui produit des phénomènes aberrants sur les marchés car des capitaux flottants ne savent plus où se réfugier.
Trop peu, trop tard hélas : l’indispensable correction de la surévaluation de l’euro depuis douze ans est due à un affaiblissement de l’économie de l’Euroland et non à une politique de change bien conduite. Elle n’aura donc que des effets bénéfiques limités.
De même, l’assouplissement quantitatif, bénéficiant avant tout aux grandes structures mal gérées, sera de peu d’effet contre la déflation. Il n’y a, en Europe, ni aiguillon de la compétition économique acharnée dans le secteur privé, ni puissance militaire, ni consensus sur la répartition politique des bénéfices de la planche à billets. Cette échappatoire est donc une illusion transitoire et ne conforte que les gouvernements clientélistes dont la France a désormais la plus parfaite illustration à sa tête.
Les exportateurs suisses vont certes souffrir mais ce beau pays est, avec l'Afrique noire, le conservatoire de ce joli nom de devise qu'un jour nous redécouvrirons.