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1 - Paris sera toujours qatari, la plus belle ville du monde ...
Si Maurice Chevalier revenait parmi nous, il modifierait légèrement le refrain de sa célèbre chanson et troquerait son canotier pour une cagoule. Les émeutes du Trocadéro et les pillages de l’avenue Kléber n’ont certes pas l’ampleur d’une guerre civile mais ils ont choqué l’opinion bien au-delà de leur impact matériel. Pourquoi ?
En raison d’un sentiment de dépossession que la bien-pensance n’interdira plus de formuler.
Dépossession d’abord parce c’est le Qatar, bailleur de fonds d’une France impécunieuse, qui choisit l’endroit où ses footballeurs, cocottes de luxe, feront la fête et où leurs supporteurs seront conviés à les aduler. Ils veulent une vue sur la tour Eiffel ? Ils l’auront, même si les lieux sont difficiles à contrôler. Quand on songe que l’esplanade en question a été baptisée «des droits de l’homme» il y a quelques années ...
Dépossession des «ultras» ensuite, quelques dizaines de réprouvés du Parc des Princes dont certains ont fricoté avec l’extrême-droite mais qui, pour beaucoup d’entre eux, ne sont pas plus politisés que cela et se morfondent loin de leur ancien stade de prédilection. Le stade végétatif en quelque sorte ... Ils nient avec véhémence être à l’origine des troubles et en veulent pour preuve que les pillards photographiés arboraient des T-shirts du nouveau PSG, maillot honni par eux.
Dépossession surtout du droit à parler clairement. «Racailles», «casseurs», «jeunes des banlieues», ceux qui en fin de soirée ont brisé vitres, abribus et véhicules sont toujours désignés par des périphrases qui encombrent la presse ad nauseam. Mais il y a les photographies et leur sèche objectivité. Nier l’évidence ne fait que provoquer le malaise puis le haut-le-coeur des téléspectateurs. Ôtez leur les mots, vous leur donnerez de la colère. L’enfer est pavé de bonnes intentions et le politiquement correct nourrit le racisme depuis pas mal de temps déjà.
Les troubles du Trocadéro sont comme un condensé des mensonges, évitements et malaises de la France. C’est le retour du refoulé et du dépossédé. Ils révèlent les tensions qui parcourent et minent notre société et une part de sa jeunesse à la dérive. L’excuse sociale et le déni ne sont plus de mise. Le feu couve en France et, hier, le monde entier a pu s’en rendre compte.
Ah non ... deux individus ont échappé à cette prise de conscience.
Le premier demeure à l’Elysée et ne s’est pas exprimé sur le sujet, jugé trop périlleux sans doute.
Le second s’appelle Delanoë, est maire de Paris et a déclaré en plein milieu des pillages : «C'est dommage qu'il y ait eu une poignée de perturbateurs, les débordements ont été contenus, la fête n'a pas été gâchée. Quand les joueurs ont pu montrer le trophée, tout s'est bien passé, mais il y a beaucoup de monde, mais je ne suis pas surpris, ça fait 19 ans qu'on attend ce titre à Paris. Les joueurs iront comme prévu dîner sur un bateau, ils iront sur la Seine, on va veiller à ce qu'il n'y ait pas d'incident sur les ponts, que quelqu'un tombe dans la Seine.»
Espérons que cette clairvoyance soit appréciée à sa juste valeur. Il fut un temps où l’on pouvait dissoudre les conflits dans la «fêêêête». Ce temps est révolu.
2 - La barbichette de Bruxelles
Il la tient, elle le tient par la barbichette ... De qui s’agit-il ? De François Hollande, le président que la normalité a donné à la France, d’une part et de la Commission européenne de l’autre.
Hollande continue de chercher à gagner du temps par tous les moyens et de préserver le coeur de son électorat, la France à statut, en particulier celle de la fonction publique et ses nombreux pseudopodes. Néanmoins, il faut bien donner un peu de grain médiatique à moudre à Bruxelles. La réforme des retraites fera l’affaire, bien pratique car, si le problème est béant, l’échéance n’est pas immédiate.
Ayrault a donc reçu les syndicats lundi dernier et Mou-Président va convoquer une "conférence de méthode" le 22 mai, une de plus. Après quelques psychodrames qui n’auront toutefois rien à voir avec la quasi-rébellion organisée par la gauche lors de la réforme Fillon, la durée de cotisation sera allongée l’hiver prochain, juste ce qu’il faut pour tenir en théorie trois ou quatre ans. Nous aurons quelques beaux défilés d’automne. Mélenchon présentera son profil le plus avantageux aux photographes. Il jouera du menton. Puisque tout sera fait a minima, sans trop de douleur immédiate et que les Français seront accablés par leurs quatre vérités démographiques et économiques, la résignation l’emportera à nouveau. C’est l’effet de la morphine sociale qui nous est injectée depuis plusieurs années.
La Commission européenne fera alors semblant d’avoir arraché à la fille aînée de la crise une fameuse concession. De toute façon, il n’est pas question de pousser les Français à l’insurrection en leur demandant, par exemple, de réduire fissa le nombre de fonctionnaires ou de renoncer au Smic et aux 35 heures.
En réalité, le hollandisme, par touches légères, contamine l’Europe. Ce ballet des petits pas règle-t-il un seul problème ? Non. Les projections de Bruxelles sur la reprise économique, fondement de tous ces calculs précautionneux, sont à peine moins optimistes que celles de Paris. Le double effet d’un euro suffoquant et d’une bureaucratie pléthorique rend impossible le retour à une croissance suffisante pour que la France puisse redresser sa situation budgétaire et ses comptes sociaux. A Paris comme à Bruxelles, l’atermoiement est de rigueur. Le mal français va continuer de doucement et lentement s’approfondir et les eurocrates, qui l’entretiennent, seront de plus en plus contaminés.
Qui pourra demander à un autre pays les efforts dont la France sera dispensée ? Qui forcera Commission et BCE à revoir leurs politiques anti-croissance ? Là aussi, le feu couve.
3 - Bercy beaucoup
Fabius estime que Bercy a «besoin d'un patron». Ségolène, alias Blanche du Poitou, réclame une «restructuration de la vaste galaxie Bercy». Nourrirait-elle une ambition intersidérale ?
Pierre Moscovici, pour toute réponse, se déclare fier de son action.
Ce gouvernement prépare déjà sa rubrique nécrologique.
4 - Merci beaucoup
A toutes celles et tous ceux qui sont venus apporter leur soutien à Clément Weill-Raynal devant la forteresse de France-Télévisions qui est un peu le pendant à l’Ouest de Paris de celle du ministère des finances à l’Est, l’une comme l’autre sur la Seine.
Le pouvoir s’est construit des citadelles financières et idéologiques qui se répondent curieusement à chaque extrémité du fleuve lorsqu’il traverse la capitale.
Pour l’heure Clément Weill-Raynal a échappé à ses poursuivants.