Ayant bâti sa carrière sur le dogme du Franc puis de l'Euro fort (en fait sur-évalué), infligeant ainsi à la France puis à l'Europe un handicap de compétitivité qui leur à coûté des millions d'emplois, Jean-Claude Trichet a dû avaler son chapeau de père-la-rigueur la semaine dernière en acceptant le principe du rachat par la BCE des obligations pourries des Etats en difficulté. Il n'avait guère le choix car ses copains de la haute finance risquaient de boire le bouillon et les responsables politiques auraient fini par se demander si ce monsieur Je-sais-tout de la monnaie unique n'était pas un peu responsable du bazar ambiant.
Mais attention ! Trichet est catégorique : "nous n'avons pas changé de politique". C'est sans doute que la politique l'a changé ... Attribuons ce déni de réalité au fait qu'il est tabou d'être le premier à dire la vérité, sauf à courir le risque d'être exécuté. Hélas, il enfonce le clou : "toutes les liquidités que nous donnerons seront reprises". C'est beau comme l'antique. Mais en quoi consiste exactement alors l'annonce du rachat des obligations pourries des Etats ? Les banques qui les détiennent vont pouvoir les vendre à la BCE qui leur donnera du bon Euro bien frais en échange. Ces banques pourront le remployer à autre chose, mettons augmenter la rémunération de leurs cadres, leurs dividendes ou même, pourquoi pas, prêter de l'argent à des emprunteurs sains ou malsains. Quoi qu'il en soit, un usage en sera fait et l'argent sera remis dans le circuit économique.
Pour que la masse monétaire n'augmente pas -"que les liquidités soient reprises"- il faudrait donc que, de son côté, la BCE exige des Etats émetteurs qu'ils lui remboursent les bons à leurs échéances. Et, parallèlement, il faudrait que la BCE gèle le produit de ces remboursements et réduise d'autant la croissance de la masse monétaire. En clair, les Etats sur-endettés ne verront pas leur fardeau allégé et l'économie européenne ne recevra aucun stimulus. C'est la poursuite de l'austérité par d'autres moyens à ceci près que les banques auront réussi à déplacer vers la BCE et l'ensemble des agents économiques le risque de non-remboursement.
Ce scenario offre une prime à un des acteurs du drame financier européen (les banques) au détriment des autres. Mais il est surtout dénué de réalisme. Croire que les Etats sur-endettés vont rembourser sans, immédiatement, recevoir de nouveaux prêts est une plaisanterie : l'explosion sociale serait inévitable lorsqu'on expliquera à tous ces braves gens qu'outre la diminution de leurs salaires et l'augmentation de leurs impôts ils doivent en plus renoncer à tout crédit.
A contrario, si la BCE réduit le refinancement d'autres agents pour, malgré tout, continuer à donner de l'oxygène aux Grecs, Portugais, Espagnols et tutti quanti, elle aboutirait à sanctionner les "vertueux" pour aider les "vicieux" et, en fait, à étendre le mécanisme de la crise. Bref, Trichet est dans une nasse et ses mouvements de menton font l'effet de gesticulations.
De toute façon, les plans d'austérité annoncés précipitamment ici et là échoueront. Conçus de manière indistincte et brutale, ils ne feront que fragiliser les économies malades et creuser les déficits, Trichet ayant réussi, avec son Euro "fort", à redonner vie et pertinence au schéma keynésien de crise par insuffisance de la demande globale.
Sur la plupart de ces points, vous pourrez lire ( en cliquant ici ) l'intéressante tribune de Philippe Villin, banquier d'affaires et ancien directeur du Figaro, très engagé à droite mais, sur ce sujet précis, rédacteur d'un papier que ne renierait pas un bon vieux gauchard. Comme quoi les esprits libres parfois se rencontrent.
En définitive, soit l'Euro baisse de lui-même rapidement, soit la BCE le défend jusqu'à son effondrement final. C'en sera alors fini de la démentielle construction eurocratique de ces vingt dernières années. Quel que soit le scénario qui se réalisera, nous sommes heureux de décerner à M. Trichet une Truffe de Plumes qui amortira sa chute lorsqu'il touchera terre pour y retrouver l'immense cohorte des victimes de sa politique.
Mais attention ! Trichet est catégorique : "nous n'avons pas changé de politique". C'est sans doute que la politique l'a changé ... Attribuons ce déni de réalité au fait qu'il est tabou d'être le premier à dire la vérité, sauf à courir le risque d'être exécuté. Hélas, il enfonce le clou : "toutes les liquidités que nous donnerons seront reprises". C'est beau comme l'antique. Mais en quoi consiste exactement alors l'annonce du rachat des obligations pourries des Etats ? Les banques qui les détiennent vont pouvoir les vendre à la BCE qui leur donnera du bon Euro bien frais en échange. Ces banques pourront le remployer à autre chose, mettons augmenter la rémunération de leurs cadres, leurs dividendes ou même, pourquoi pas, prêter de l'argent à des emprunteurs sains ou malsains. Quoi qu'il en soit, un usage en sera fait et l'argent sera remis dans le circuit économique.
Pour que la masse monétaire n'augmente pas -"que les liquidités soient reprises"- il faudrait donc que, de son côté, la BCE exige des Etats émetteurs qu'ils lui remboursent les bons à leurs échéances. Et, parallèlement, il faudrait que la BCE gèle le produit de ces remboursements et réduise d'autant la croissance de la masse monétaire. En clair, les Etats sur-endettés ne verront pas leur fardeau allégé et l'économie européenne ne recevra aucun stimulus. C'est la poursuite de l'austérité par d'autres moyens à ceci près que les banques auront réussi à déplacer vers la BCE et l'ensemble des agents économiques le risque de non-remboursement.
Ce scenario offre une prime à un des acteurs du drame financier européen (les banques) au détriment des autres. Mais il est surtout dénué de réalisme. Croire que les Etats sur-endettés vont rembourser sans, immédiatement, recevoir de nouveaux prêts est une plaisanterie : l'explosion sociale serait inévitable lorsqu'on expliquera à tous ces braves gens qu'outre la diminution de leurs salaires et l'augmentation de leurs impôts ils doivent en plus renoncer à tout crédit.
A contrario, si la BCE réduit le refinancement d'autres agents pour, malgré tout, continuer à donner de l'oxygène aux Grecs, Portugais, Espagnols et tutti quanti, elle aboutirait à sanctionner les "vertueux" pour aider les "vicieux" et, en fait, à étendre le mécanisme de la crise. Bref, Trichet est dans une nasse et ses mouvements de menton font l'effet de gesticulations.
De toute façon, les plans d'austérité annoncés précipitamment ici et là échoueront. Conçus de manière indistincte et brutale, ils ne feront que fragiliser les économies malades et creuser les déficits, Trichet ayant réussi, avec son Euro "fort", à redonner vie et pertinence au schéma keynésien de crise par insuffisance de la demande globale.
Sur la plupart de ces points, vous pourrez lire ( en cliquant ici ) l'intéressante tribune de Philippe Villin, banquier d'affaires et ancien directeur du Figaro, très engagé à droite mais, sur ce sujet précis, rédacteur d'un papier que ne renierait pas un bon vieux gauchard. Comme quoi les esprits libres parfois se rencontrent.
En définitive, soit l'Euro baisse de lui-même rapidement, soit la BCE le défend jusqu'à son effondrement final. C'en sera alors fini de la démentielle construction eurocratique de ces vingt dernières années. Quel que soit le scénario qui se réalisera, nous sommes heureux de décerner à M. Trichet une Truffe de Plumes qui amortira sa chute lorsqu'il touchera terre pour y retrouver l'immense cohorte des victimes de sa politique.