1) Ecoutez moi bien
Décidé à se cacher pour faire oublier les résultats calamiteux de ses presque deux premières années de présidence, François Hollande laisse le champ médiatique à son prédécesseur. Les journaux doivent bénir Sarkozy tous les jours de leur donner matière à rédaction.
La presse dite de gauche a pu transpirer d’aise en évoquant des scandales d’Etat comme s’il en pleuvait. Patrick Buisson, visiblement attiré par ce qu’il y a d’obscur et de tordu dans la comédie du pouvoir, a donné libre cours à sa paranoïa en enregistrant toutes sortes de conversations. Mais ce qui est pour l’heure divulgué est digne de Closer. Quelle déception ! Atlantico peut mieux faire.
La nullité crasse de Roselyne Bachelot fut en son temps démontrée par sa gestion calamiteuse et ruineuse de la grippe A et l’est aujourd’hui par son ralliement à la gauche froufroutante. On ne voit pas comment Sarkozy aurait pu penser le contraire. Remercions en tout cas notre ami Goldnadel de nous avoir bien fait rire en prétendant à la barre que le micro de Buisson s’était mis en route à l’insu de son plein gré. Le métier d’avocat réserve des moments héroïques. Et espérons que les transcriptions qui viendront seront plus émoustillantes.
Le grotesque vire à l’inquiétant dans l’affaire des écoutes téléphoniques dont a été gratifié le même Sarkozy. Cette intrusion infecte dans les conversations des gens devrait rester rarissime et les magistrats n’y avoir recours qu’avec parcimonie, mais elles sont désormais monnaie courante. A partir d’une enquête douteuse sur le financement de la campagne présidentielle de 2007 par Kadhafi (on a du mal à comprendre pourquoi ce dernier, cerné et menacé de mort du fait de l’action de Sarkozy, n’a pas donné toutes les preuves à la presse internationale), voilà donc ledit Sarkozy écouté pendant un an, tout comme son avocat. A ce compte là, il est sûr qu’on finira bien par trouver quelque chose à lui reprocher.
A ceux qui jugeraient cela anodin, on rappellera par exemple que Cazeneuve, ministre du budget en lieu et place du grand Cahuzac, se vantait en mai dernier qu’il pourra désormais y avoir des écoutes téléphoniques en cas de fraude fiscale présumée. Que tous ceux qui ont gonflé leurs notes de frais jettent leurs téléphones portables à l’eau ... La république socialiste française a les poches vides, de grandes oreilles et une petite morale.
S’ensuivit une chacaïa entre barreau, magistrats du siège, du parquet et autres robins, avec comme temps fort une perquisition à ... la Cour de cassation ! Tout cela prend des allures de fin de régime plus encore que de fin de règne. Parlement, gouvernement et maintenant magistrature sont frappés d’aboulie, c’est la nouvelle forme de l’équilibre des pouvoirs.
2) La faute médiatique de l'abbé Copé
Les doigts d'une main sont amplement suffisants à Jean-François Copé pour compter les camarades de parti venant à son secours. Certes son cas n’est pas défendable. Faire appel à des amis et des ex-collaborateurs, de manière massive et persistante, pour des prestations payées in fine par les contribuables et les militants est, au minimum, une erreur grave. On a beau préférer travailler avec des gens qu'on connaît et à qui on fait confiance, il faut s'astreindre à ouvrir son portefeuille à d'autres qu'eux, ne fût-ce que parce que le hasard de la vie n'a pas forcément mis les meilleurs sur notre chemin. Cette ouverture est l'essence même du marché et des vertus de la concurrence.
La défense de Copé ressemble trop à de la défausse. Mettre les comptes de l'UMP sous scellés équivaut à envoyer tous les documents au congélateur. Demander aux autres partis ainsi qu'aux organes de presse vivant de subsides publiques, avant d’en faire de même, de révéler leurs propres comptabilités et relations avec leurs fournisseurs, c'est obtenir à coup sûr une une réponse négative.
Hollande avait usé d'un stratagème proche pour détourner l'attention lors de l'affaire Cahuzac : il avait forcé les ministres à révéler leur patrimoine afin de distraire l'opinion. Le leurre avait plutôt bien fonctionné, au risque de répandre la défiance envers les hommes politiques. Mais Hollande avait pris grand soin de ne pas s'en prendre aux médias. Il faut que Copé soit bien furieux ou désespéré pour avoir choisi une contre-attaque qui lui aliènera définitivement les journalistes qui, il est vrai, le détestaient déjà.
Copé a le gros défaut d'être d'une agressivité décomplexée contre la gauche. C'est impardonnable. Les médias préfèrent donner la parole à un droite mal dégourdie, intellectuellement soumise et, si possible, un peu ridicule. Les candidats ne manquent pas. Quoi qu'il en soit, le florilège des réactions journalistiques à la proposition du président de l'UMP est désopilant. Il n'est plus question de préférences politiques, tous se serrent les coudes et sur-jouent les vertus outragées.
Pourtant, Copé a posé incidemment de bonnes questions. Contrairement à ce qui est dit par ces gazetiers ulcérés, les comptes des partis, tels que rendus publics aujourd'hui, ne permettent pas de savoir quels sont leurs prestataires et à quel prix. C'est toute l'ambiguïté du dispositif législatif de contrôle du financement de la vie politique : il est très sourcilleux sur les ressources mais très peu regardant sur les dépenses. Allez donc sur le site de la commission nationale en charge de la question, vous verrez que les informations sur ce sujet sont données à la serpe.
Reste qu'une solution plus radicale encore assainirait vraiment ces liens détestables entre Etat, partis, communicants et médias : supprimer toutes les subventions publiques et déductions fiscales. A ce propos, combien de journaux, radios ou télévisions ont-ils demandé à Anne Hidalgo d'expliquer ce qu'elle avait fait pour être payée par l'inspection du travail durant les longues années où elle était au même moment première adjointe au maire de Paris, conseillère régionale et secrétaire nationale du parti socialiste ? Aucun.
Cela fait maintenant plus de trois semaines que j'ai posé cette question publique à la dauphine de Delanoë. Et nul n'a encore songé à la relayer. Copé serait fondé à voir dans les yeux de ses contempteurs des poutres là où ces derniers lui reprochent des pailles.
3 - Concentration en béton
Bouygues ou Numéricable pour racheter SFR ? Comme me l’a signalé un ami : «En Autriche, le passage de 4 à 3 opérateurs télécom (fin 2013) s'est traduit par une hausse des prix de 10% dans les 3 mois». Les choses sont claires, non ?
4 - Le président de l’Africafrance
Dès que Sa Normalité a le blues, c’est à dire presque tout le temps, hop ! Un petit voyage en Afrique, quelques bains de foule et le moral revient. Il fut un temps où les hommes politiques français faisaient le déplacement vers le continent noir pour de sordides raisons financières. Il semblerait que l’émotion ait pris la place du numéraire. Ce n’est pas forcément un progrès.
5 - Toy boy’s band
Comment dit-on omerta en français ? Pudeur ? C’est en tout cas grâce à un article d’un site gay américain qu’on apprend que le nouveau président de Radio France, à la réussite météorique et trans-partisane, Mathieu Gallet, a été le collaborateur de cabinet mais aussi le «toy boy» de Frédéric Mitterrand, ancien ministre de la culture qui le propulsa à l’âge de 33 ans à la tête de l’Institut national audiovisuel. La traduction de cette expression sucrée en langue de Molière est «mignon». Dans la presse nationale, cette affinité élective n’est jamais mentionnée ...
Lire aussi Atlantico ICI.
Décidé à se cacher pour faire oublier les résultats calamiteux de ses presque deux premières années de présidence, François Hollande laisse le champ médiatique à son prédécesseur. Les journaux doivent bénir Sarkozy tous les jours de leur donner matière à rédaction.
La presse dite de gauche a pu transpirer d’aise en évoquant des scandales d’Etat comme s’il en pleuvait. Patrick Buisson, visiblement attiré par ce qu’il y a d’obscur et de tordu dans la comédie du pouvoir, a donné libre cours à sa paranoïa en enregistrant toutes sortes de conversations. Mais ce qui est pour l’heure divulgué est digne de Closer. Quelle déception ! Atlantico peut mieux faire.
La nullité crasse de Roselyne Bachelot fut en son temps démontrée par sa gestion calamiteuse et ruineuse de la grippe A et l’est aujourd’hui par son ralliement à la gauche froufroutante. On ne voit pas comment Sarkozy aurait pu penser le contraire. Remercions en tout cas notre ami Goldnadel de nous avoir bien fait rire en prétendant à la barre que le micro de Buisson s’était mis en route à l’insu de son plein gré. Le métier d’avocat réserve des moments héroïques. Et espérons que les transcriptions qui viendront seront plus émoustillantes.
Le grotesque vire à l’inquiétant dans l’affaire des écoutes téléphoniques dont a été gratifié le même Sarkozy. Cette intrusion infecte dans les conversations des gens devrait rester rarissime et les magistrats n’y avoir recours qu’avec parcimonie, mais elles sont désormais monnaie courante. A partir d’une enquête douteuse sur le financement de la campagne présidentielle de 2007 par Kadhafi (on a du mal à comprendre pourquoi ce dernier, cerné et menacé de mort du fait de l’action de Sarkozy, n’a pas donné toutes les preuves à la presse internationale), voilà donc ledit Sarkozy écouté pendant un an, tout comme son avocat. A ce compte là, il est sûr qu’on finira bien par trouver quelque chose à lui reprocher.
A ceux qui jugeraient cela anodin, on rappellera par exemple que Cazeneuve, ministre du budget en lieu et place du grand Cahuzac, se vantait en mai dernier qu’il pourra désormais y avoir des écoutes téléphoniques en cas de fraude fiscale présumée. Que tous ceux qui ont gonflé leurs notes de frais jettent leurs téléphones portables à l’eau ... La république socialiste française a les poches vides, de grandes oreilles et une petite morale.
S’ensuivit une chacaïa entre barreau, magistrats du siège, du parquet et autres robins, avec comme temps fort une perquisition à ... la Cour de cassation ! Tout cela prend des allures de fin de régime plus encore que de fin de règne. Parlement, gouvernement et maintenant magistrature sont frappés d’aboulie, c’est la nouvelle forme de l’équilibre des pouvoirs.
2) La faute médiatique de l'abbé Copé
Les doigts d'une main sont amplement suffisants à Jean-François Copé pour compter les camarades de parti venant à son secours. Certes son cas n’est pas défendable. Faire appel à des amis et des ex-collaborateurs, de manière massive et persistante, pour des prestations payées in fine par les contribuables et les militants est, au minimum, une erreur grave. On a beau préférer travailler avec des gens qu'on connaît et à qui on fait confiance, il faut s'astreindre à ouvrir son portefeuille à d'autres qu'eux, ne fût-ce que parce que le hasard de la vie n'a pas forcément mis les meilleurs sur notre chemin. Cette ouverture est l'essence même du marché et des vertus de la concurrence.
La défense de Copé ressemble trop à de la défausse. Mettre les comptes de l'UMP sous scellés équivaut à envoyer tous les documents au congélateur. Demander aux autres partis ainsi qu'aux organes de presse vivant de subsides publiques, avant d’en faire de même, de révéler leurs propres comptabilités et relations avec leurs fournisseurs, c'est obtenir à coup sûr une une réponse négative.
Hollande avait usé d'un stratagème proche pour détourner l'attention lors de l'affaire Cahuzac : il avait forcé les ministres à révéler leur patrimoine afin de distraire l'opinion. Le leurre avait plutôt bien fonctionné, au risque de répandre la défiance envers les hommes politiques. Mais Hollande avait pris grand soin de ne pas s'en prendre aux médias. Il faut que Copé soit bien furieux ou désespéré pour avoir choisi une contre-attaque qui lui aliènera définitivement les journalistes qui, il est vrai, le détestaient déjà.
Copé a le gros défaut d'être d'une agressivité décomplexée contre la gauche. C'est impardonnable. Les médias préfèrent donner la parole à un droite mal dégourdie, intellectuellement soumise et, si possible, un peu ridicule. Les candidats ne manquent pas. Quoi qu'il en soit, le florilège des réactions journalistiques à la proposition du président de l'UMP est désopilant. Il n'est plus question de préférences politiques, tous se serrent les coudes et sur-jouent les vertus outragées.
Pourtant, Copé a posé incidemment de bonnes questions. Contrairement à ce qui est dit par ces gazetiers ulcérés, les comptes des partis, tels que rendus publics aujourd'hui, ne permettent pas de savoir quels sont leurs prestataires et à quel prix. C'est toute l'ambiguïté du dispositif législatif de contrôle du financement de la vie politique : il est très sourcilleux sur les ressources mais très peu regardant sur les dépenses. Allez donc sur le site de la commission nationale en charge de la question, vous verrez que les informations sur ce sujet sont données à la serpe.
Reste qu'une solution plus radicale encore assainirait vraiment ces liens détestables entre Etat, partis, communicants et médias : supprimer toutes les subventions publiques et déductions fiscales. A ce propos, combien de journaux, radios ou télévisions ont-ils demandé à Anne Hidalgo d'expliquer ce qu'elle avait fait pour être payée par l'inspection du travail durant les longues années où elle était au même moment première adjointe au maire de Paris, conseillère régionale et secrétaire nationale du parti socialiste ? Aucun.
Cela fait maintenant plus de trois semaines que j'ai posé cette question publique à la dauphine de Delanoë. Et nul n'a encore songé à la relayer. Copé serait fondé à voir dans les yeux de ses contempteurs des poutres là où ces derniers lui reprochent des pailles.
3 - Concentration en béton
Bouygues ou Numéricable pour racheter SFR ? Comme me l’a signalé un ami : «En Autriche, le passage de 4 à 3 opérateurs télécom (fin 2013) s'est traduit par une hausse des prix de 10% dans les 3 mois». Les choses sont claires, non ?
4 - Le président de l’Africafrance
Dès que Sa Normalité a le blues, c’est à dire presque tout le temps, hop ! Un petit voyage en Afrique, quelques bains de foule et le moral revient. Il fut un temps où les hommes politiques français faisaient le déplacement vers le continent noir pour de sordides raisons financières. Il semblerait que l’émotion ait pris la place du numéraire. Ce n’est pas forcément un progrès.
5 - Toy boy’s band
Comment dit-on omerta en français ? Pudeur ? C’est en tout cas grâce à un article d’un site gay américain qu’on apprend que le nouveau président de Radio France, à la réussite météorique et trans-partisane, Mathieu Gallet, a été le collaborateur de cabinet mais aussi le «toy boy» de Frédéric Mitterrand, ancien ministre de la culture qui le propulsa à l’âge de 33 ans à la tête de l’Institut national audiovisuel. La traduction de cette expression sucrée en langue de Molière est «mignon». Dans la presse nationale, cette affinité élective n’est jamais mentionnée ...
Lire aussi Atlantico ICI.