Madame de La Fayette, pionnière de la littérature psychologique, experte en dissection des passions et des intérêts, sut montrer comment les hommes et les femmes, de si haute condition soient-ils, aussi protégés par leur statut et leurs richesses fussent-ils, succombent à leurs obsessions et leurs calculs. Sa prose offre sur un plateau de vermeil des intrigues et des dialogues merveilleusement ciselés à qui veut bien s'en inspirer. Se saisissant de l'édifiante histoire de la princesse de Montpensier, jeune biche au milieu des cerfs au moment du brame, comme le résume cruellement le duc de Guise, Tavernier a mis en scène, dans de riches décors, les désillusions de cette belle personne.
Malgré ces atouts et les efforts méritoires de Lambert Wilson, dont la maturité consolide le talent, le film ne parvient ni à émouvoir ni à surprendre. La mise en scène est scolaire, les caractères trop soulignés, avec quelques incursions dans le grotesque comme lorsque Catherine de Médicis est présentée comme une sorte de voyante, de matrone florentine despotique et superstitieuse. Elle était bien plus subtile que cela, heureusement pour la France de l'époque.
Ces défauts seraient supportables s'ils n'étaient exagérés par la faiblesse manifeste de quelques acteurs. Dans le rôle du prince de Montpensier, Grégoire Leprince-Ringuet est désemparé, inhibé, rigide et engoncé. Dans celui de sa jolie épouse ou celui du duc de Guise, Mélanie Thierry et Gaspard Ulliel, censés être dévorés par la passion, sont abstraits et parfois absents.
Le problème est que ces jeunes acteurs ont un côté fils et filles à papa et qu'il faut croire que les nantis d'aujourd'hui sont moins sanguins que ceux décrits par Madame de la Fayette. A l'époque, la vie était plus brève et plus intense qu'aujourd'hui, même pour les très riches. Tirons-en la leçon : il vaut mieux prendre des prolétaires pour incarner les aristocrates ; ils ont à coeur de bien faire, après avoir mangé de la vache enragée et se saisissent de leur rôle pour rêver d'un sort plus généreux. C'est ce qu'on observera dans la réédition prochaine du "Guépard" restauré où Burt Lancaster, venu du cirque, fit merveille dans le rôle du prince de Salina.
La "Princesse de Montpensier" est en tous cas l'occasion de penser au bon roi Henri III, qui n'était encore que duc d'Anjou aux temps évoqués par le film, un "grand roi né au mauvais moment" comme l'écrivit un chroniqueur de l'époque, stigmatisé comme sodomite parce qu'il n'aimait pas la chasse ou la guerre et voulait introduire un peu plus d'élégance et de raffinement à la cour de France. Dans sa brève existence, il dut ferrailler contre tout le monde : ultra-catholiques, papistes, huguenots, princes du sang, etc. Si, après son assassinat, son successeur Henri de Navarre parvint à sortir le royaume des guerres de religion, c'est largement à ce souverain injustement conspué qu'il le dut.
Il faudra que tout ou tard le Delanopolis rédige un top 10 des dirigeants les plus sous-estimés et les plus surestimés de notre vieux pays.
Malgré ces atouts et les efforts méritoires de Lambert Wilson, dont la maturité consolide le talent, le film ne parvient ni à émouvoir ni à surprendre. La mise en scène est scolaire, les caractères trop soulignés, avec quelques incursions dans le grotesque comme lorsque Catherine de Médicis est présentée comme une sorte de voyante, de matrone florentine despotique et superstitieuse. Elle était bien plus subtile que cela, heureusement pour la France de l'époque.
Ces défauts seraient supportables s'ils n'étaient exagérés par la faiblesse manifeste de quelques acteurs. Dans le rôle du prince de Montpensier, Grégoire Leprince-Ringuet est désemparé, inhibé, rigide et engoncé. Dans celui de sa jolie épouse ou celui du duc de Guise, Mélanie Thierry et Gaspard Ulliel, censés être dévorés par la passion, sont abstraits et parfois absents.
Le problème est que ces jeunes acteurs ont un côté fils et filles à papa et qu'il faut croire que les nantis d'aujourd'hui sont moins sanguins que ceux décrits par Madame de la Fayette. A l'époque, la vie était plus brève et plus intense qu'aujourd'hui, même pour les très riches. Tirons-en la leçon : il vaut mieux prendre des prolétaires pour incarner les aristocrates ; ils ont à coeur de bien faire, après avoir mangé de la vache enragée et se saisissent de leur rôle pour rêver d'un sort plus généreux. C'est ce qu'on observera dans la réédition prochaine du "Guépard" restauré où Burt Lancaster, venu du cirque, fit merveille dans le rôle du prince de Salina.
La "Princesse de Montpensier" est en tous cas l'occasion de penser au bon roi Henri III, qui n'était encore que duc d'Anjou aux temps évoqués par le film, un "grand roi né au mauvais moment" comme l'écrivit un chroniqueur de l'époque, stigmatisé comme sodomite parce qu'il n'aimait pas la chasse ou la guerre et voulait introduire un peu plus d'élégance et de raffinement à la cour de France. Dans sa brève existence, il dut ferrailler contre tout le monde : ultra-catholiques, papistes, huguenots, princes du sang, etc. Si, après son assassinat, son successeur Henri de Navarre parvint à sortir le royaume des guerres de religion, c'est largement à ce souverain injustement conspué qu'il le dut.
Il faudra que tout ou tard le Delanopolis rédige un top 10 des dirigeants les plus sous-estimés et les plus surestimés de notre vieux pays.