Le candidat du Delanopolis à la présidence de l'Union européenne !
D'affreux spéculateurs, menés par celui qui terrassa la livre sterling en 1992, auraient donc décidé de jouer la baisse de la devise européenne, plombée par les difficultés de la Grèce, qui augurent celles de l'Espagne, du Portugal et, pourquoi pas ... de l'Italie et de la France, pays confrontés à des degrés divers à un dérapage mal contrôlé de leurs finances publiques.
Mais Soros ne fait que révéler des problèmes qui viennent de loin. D'abord, la "force" - en fait la surévaluation - de la plupart des devises du vieux continent puis de l'euro lui-même, depuis plus de 25 ans, était censée enjoliver et fortifier l'économie européenne. Ce n'était qu'une beauté de corset. Dans la féroce compétition mondialisée, elle a accéléré la chute des industries de main d'oeuvre traditionnelles tout en entravant l'émergence de nouvelles activités, dans l'électronique notamment, secteur aujourd'hui sous-développé en Europe. L'inepte idée que le taux de change ne jouait plus qu'un rôle marginal et que tout dépendait du savoir-faire, de l'innovation et de facteurs non monétaires était contredite par de solides évidences. Par exemple, la corrélation entre les années de monnaie "faible" et celle de forte croissance (du temps de Jospin en France). Ou encore, le fait que les pays émergents pratiquent tous férocement une politique de sous-évaluation de leur devise.
Mais non, la doxa officielle voulait que le taux de change n'avait plus d'importance et que seule comptait désormais notre capacité à vendre n'importe quoi à n'importe quel prix sous prétexte qu'on y apposait ... mettons ... une griffe Vuitton. Hélas, le consommateur mondial est, en moyenne, plus prosaïque et n'a pas que de la maroquinerie de luxe à acheter. Compétitivité prix et compétitivité produit sont intimement mêlées. La norme de la vie des affaires internationales, ce sont des milliers de biens et services pour lesquels un handicap lié au taux de change est périlleux, voire mortel.
Cette idéologie présentait, pour les classes dirigeantes abritées derrière le rêve européen, l'avantage de conforter leur capacité de résistance aux attentes du salariat, qui se souvenait avec nostalgie de la croissance inflationniste des Trente glorieuses. Mais, peu à peu, les souffrances du corps social se sont accentuées. Les hommes politiques ont cédé. La pose de rustine sur chaque centimètre du pneu dégonflé de notre industrie, pour éviter la colère de la rue, a fini par coûter cher, très cher. L'accumulation d'aides en tout genre, de plans de sauvetages, de dégrèvements fiscaux a eu raison de la morale pudibonde des finances publiques. A un point tel que l'Allemagne elle-même vient de se convertir à la philosophie de baisse d'impôts dont elle n'a pourtant plus les moyens. Les finances publiques européennes sont à la dérive.
Mais après tout, nous direz-vous, les Etats-Unis ne vont pas mieux et la Chine est, elle-aussi, assise sur une montagne de dettes et un secteur bancaire dont les comptes sont aussi transparents qu'un potage pékinois. Alors, pourquoi s'en prendre particulièrement à la vieille Europe ?
C'est que les prédateurs de la "spéculation" sentent la peur et la faiblesse de leurs proies. L'Europe est une cible car elle se défend mal, avec ses institutions boursouflées, divisées, ses décideurs partout et ses décisions nulle part. Les Américains ont une économie plus atteinte que la nôtre mais, au moins en matière financière, leur double commande institutionnelle, Fed et Trésor, agit mieux que l'escouade de ménestrels que forment les différents gouvernements, la Commission, le Conseil, la BCE, etc.
Faut-il en vouloir aux sorosiens? Non, au contraire ! S'ils parviennent à faire baisser substantiellement l'euro, ils ne feront que sanctionner un taux de change meurtrier pour nos emplois et une construction institutionnelle babélienne. Que cela donne une bouffée d'oxygène à nos industries et force les Européens à mieux coordonner leur politiques économiques en faveur du retour de la croissance et la "spéculation" aura joué un rôle positif.
George Soros serait de loin l'homme le plus compétent pour diriger l'Union européenne.
C'est bien sûr une excellente raison pour qu'on n'aille pas le chercher. Se profile donc le risque que les choses s'enveniment, que la situation échappe à tout contrôle, que l'euro s'effondre pour de bon, que l'Allemagne veuille reprendre ses billes, que les Grecs répudient leurs dettes en jouant aux révolutionnaires, que tous en fassent de même peu après. Nous entrerions dans des temps incertains et troublés. Nous y sommes probablement déjà. Au secours Soros !
Mais Soros ne fait que révéler des problèmes qui viennent de loin. D'abord, la "force" - en fait la surévaluation - de la plupart des devises du vieux continent puis de l'euro lui-même, depuis plus de 25 ans, était censée enjoliver et fortifier l'économie européenne. Ce n'était qu'une beauté de corset. Dans la féroce compétition mondialisée, elle a accéléré la chute des industries de main d'oeuvre traditionnelles tout en entravant l'émergence de nouvelles activités, dans l'électronique notamment, secteur aujourd'hui sous-développé en Europe. L'inepte idée que le taux de change ne jouait plus qu'un rôle marginal et que tout dépendait du savoir-faire, de l'innovation et de facteurs non monétaires était contredite par de solides évidences. Par exemple, la corrélation entre les années de monnaie "faible" et celle de forte croissance (du temps de Jospin en France). Ou encore, le fait que les pays émergents pratiquent tous férocement une politique de sous-évaluation de leur devise.
Mais non, la doxa officielle voulait que le taux de change n'avait plus d'importance et que seule comptait désormais notre capacité à vendre n'importe quoi à n'importe quel prix sous prétexte qu'on y apposait ... mettons ... une griffe Vuitton. Hélas, le consommateur mondial est, en moyenne, plus prosaïque et n'a pas que de la maroquinerie de luxe à acheter. Compétitivité prix et compétitivité produit sont intimement mêlées. La norme de la vie des affaires internationales, ce sont des milliers de biens et services pour lesquels un handicap lié au taux de change est périlleux, voire mortel.
Cette idéologie présentait, pour les classes dirigeantes abritées derrière le rêve européen, l'avantage de conforter leur capacité de résistance aux attentes du salariat, qui se souvenait avec nostalgie de la croissance inflationniste des Trente glorieuses. Mais, peu à peu, les souffrances du corps social se sont accentuées. Les hommes politiques ont cédé. La pose de rustine sur chaque centimètre du pneu dégonflé de notre industrie, pour éviter la colère de la rue, a fini par coûter cher, très cher. L'accumulation d'aides en tout genre, de plans de sauvetages, de dégrèvements fiscaux a eu raison de la morale pudibonde des finances publiques. A un point tel que l'Allemagne elle-même vient de se convertir à la philosophie de baisse d'impôts dont elle n'a pourtant plus les moyens. Les finances publiques européennes sont à la dérive.
Mais après tout, nous direz-vous, les Etats-Unis ne vont pas mieux et la Chine est, elle-aussi, assise sur une montagne de dettes et un secteur bancaire dont les comptes sont aussi transparents qu'un potage pékinois. Alors, pourquoi s'en prendre particulièrement à la vieille Europe ?
C'est que les prédateurs de la "spéculation" sentent la peur et la faiblesse de leurs proies. L'Europe est une cible car elle se défend mal, avec ses institutions boursouflées, divisées, ses décideurs partout et ses décisions nulle part. Les Américains ont une économie plus atteinte que la nôtre mais, au moins en matière financière, leur double commande institutionnelle, Fed et Trésor, agit mieux que l'escouade de ménestrels que forment les différents gouvernements, la Commission, le Conseil, la BCE, etc.
Faut-il en vouloir aux sorosiens? Non, au contraire ! S'ils parviennent à faire baisser substantiellement l'euro, ils ne feront que sanctionner un taux de change meurtrier pour nos emplois et une construction institutionnelle babélienne. Que cela donne une bouffée d'oxygène à nos industries et force les Européens à mieux coordonner leur politiques économiques en faveur du retour de la croissance et la "spéculation" aura joué un rôle positif.
George Soros serait de loin l'homme le plus compétent pour diriger l'Union européenne.
C'est bien sûr une excellente raison pour qu'on n'aille pas le chercher. Se profile donc le risque que les choses s'enveniment, que la situation échappe à tout contrôle, que l'euro s'effondre pour de bon, que l'Allemagne veuille reprendre ses billes, que les Grecs répudient leurs dettes en jouant aux révolutionnaires, que tous en fassent de même peu après. Nous entrerions dans des temps incertains et troublés. Nous y sommes probablement déjà. Au secours Soros !