La collection de toiles cubistes et expressionnistes de Roger Dutilleul, enrichie et léguée par son neveu, Jean Masurel, fait de Villeneuve d'Ascq, depuis 1979, le deuxième musée d'art contemporain en France. Car il n'y a pas que Braque et Picasso, achetés dès l'origine par Dutilleul, il y a aussi, par exemple, un ensemble exceptionnel de Modigliani ou de Léger. Le musée, inauguré en 1983, était défraîchi et trop étroit. Il a fait l'objet d'une rénovation-extension de qualité signée Manuelle Gautrand qui réussit, pour le coup, un geste plus convaincant que son immeuble Citroën des Champs-Elysées. L'aile supplémentaire qu'elle a dessinée ne révolutionnera pas l'architecture contemporaine mais elle offre des volumes généreux et bien pensés à ce qui fait désormais le second attrait du musée : une superbe collection d'art brut donnée par l'association l'Aracine en 1999.
Depuis que la France a stupidement laissé partir les oeuvres d'art brut collectées par Dubuffet vers la Suisse, aucun établissement hexagonal ne présentait d'ensemble convaincant de ce qu'on ne peut, par définition, qualifier d'école, mais qui restera comme un moment important dans le regard porté par la critique sur ce qu'est une oeuvre d'art.
Dubuffet pensait sincèrement que l'art "traditionnel", produit par des scholastes et des "élites", était définitivement condamné. Les surenchères dans la pseudo-provocation de ces petits bourgeois peignant et sculptant pour des grands bourgeois ne suscitaient en lui que mépris. Heureusement qu'il n'a pas connu François Pinault et Jeff Koons !
En tous cas, la collection rassemblée à Villeneuve d'Ascq présente de très intéressantes recherches, marquées par d'authentiques obsessions et une vision du monde radicalement dégagée des contingences commerciales. Les énormes totems et les accumulations primitives exposées y sont délectables et on y découvre des artistes (pardonnez nous l'usage de ce terme inapproprié) impressionnants comme Henry Darger. Aliénés, forçats, miséreux, illettrés : aucun ne cherche à faire école, tous veulent convaincre que ce qui les hante devrait hanter le monde entier.
Mais, puisqu'on est dans une institution, la récupération était inévitable. Le musée s'efforce de jeter un pont entre ces créateurs frustes et brutaux et les tâtonnements des surréalistes et post surréalistes, de Beuys à Debord. Ce rapprochement n'est pas très concluant si ce n'est pour nous montrer qu'en art, on peut tout se permettre.
Allez donc à Lille, non pour y saluer son maire peu avenant, mais pour y apprécier ces doux dingues.
Depuis que la France a stupidement laissé partir les oeuvres d'art brut collectées par Dubuffet vers la Suisse, aucun établissement hexagonal ne présentait d'ensemble convaincant de ce qu'on ne peut, par définition, qualifier d'école, mais qui restera comme un moment important dans le regard porté par la critique sur ce qu'est une oeuvre d'art.
Dubuffet pensait sincèrement que l'art "traditionnel", produit par des scholastes et des "élites", était définitivement condamné. Les surenchères dans la pseudo-provocation de ces petits bourgeois peignant et sculptant pour des grands bourgeois ne suscitaient en lui que mépris. Heureusement qu'il n'a pas connu François Pinault et Jeff Koons !
En tous cas, la collection rassemblée à Villeneuve d'Ascq présente de très intéressantes recherches, marquées par d'authentiques obsessions et une vision du monde radicalement dégagée des contingences commerciales. Les énormes totems et les accumulations primitives exposées y sont délectables et on y découvre des artistes (pardonnez nous l'usage de ce terme inapproprié) impressionnants comme Henry Darger. Aliénés, forçats, miséreux, illettrés : aucun ne cherche à faire école, tous veulent convaincre que ce qui les hante devrait hanter le monde entier.
Mais, puisqu'on est dans une institution, la récupération était inévitable. Le musée s'efforce de jeter un pont entre ces créateurs frustes et brutaux et les tâtonnements des surréalistes et post surréalistes, de Beuys à Debord. Ce rapprochement n'est pas très concluant si ce n'est pour nous montrer qu'en art, on peut tout se permettre.
Allez donc à Lille, non pour y saluer son maire peu avenant, mais pour y apprécier ces doux dingues.