1 - L'axe du mol
Au risque de surprendre ou même d’exaspérer certains lecteurs, j'oserai écrire que, de toutes les décisions et non décisions prises par notre Enfumeur national depuis son élection, le principe d'une intervention en Syrie - j'ai bien écrit le principe - est sans doute la meilleure.
Contrairement à une croyance communément répandue chez les sempiternels non-interventionnistes, on a le plus souvent raison de se débarrasser des tyrans. N'en déplaise à la pensée majoritaire, la situation en Irak, aujourd'hui, est moins cruelle pour le peuple irakien que celle du temps du satrape Saddam Hussein où l'on pouvait communément retrouver dans son jardin la tête d'un de ses proches et où la terreur régnait dans la plupart des foyers. L'élimination de ce despote a été, dans l'inconscient collectif oriental, le signal fort que ses pareils pouvaient être détrônés. Elle a contribué à préparer les esprits aux printemps arabes. En ce sens, George W. Bush, l'homme le plus haï en Occident depuis 30 ans, aura joué un rôle positif que l'Histoire, munie d'un grand H, réévaluera avec le temps. Si, après ces quelques lignes, je n'ai pas perdu l'estime des trois-quarts de mon lectorat, c'est à n'y rien comprendre !
Je continuerai donc pour le quart restant.
Assad, quant à lui, vient d'inscrire son nom dans la triste liste où figurent Adolf Hitler et Ali le chimique, seules autres personnes à avoir jamais fait volontairement gazer des enfants. Les complotistes convulsifs pourront toujours dénoncer la manipulation dont nous serions les victimes : les éléments présentés dans la note rédigée par les services de renseignement français sont précis, nombreux et concordants, voir ICI En pareil domaine, il ne faut jamais espérer les aveux des coupables. Comment imaginer que l’opposition syrienne ait pu, le 21 août dernier, déclencher une dizaine de tirs d’engins chimiques sur des quartiers de Damas puis que l’armée régulière, comme pour effacer la trace du forfait de ses ennemis, lui ait emboîté le pas par des frappes conventionnelles ? Plus simplement, comme son père à Hama en 1982 (10 000 victimes au moins !), Bachar El Assad n’a pas hésité à broyer ses opposants. Une bonne vieille tradition familiale ... Si ce nouveau crime abominable ne justifie pas une réaction déterminée et brutale de la communauté internationale, alors autant dissoudre l'ONU et sa cohorte d'organismes verbeux.
Pour convaincre les derniers hésitants de bonne foi, je renverrai à un remarquable article de Jean-Pierre Filiu ( LA), avec qui autrefois j’usai des fonds de culottes sur les bancs de Sciences-Po, dont je suis très loin de partager toutes les idées sur les questions orientales, mais qui a clairement résumé la situation dès le lendemain des bombardements chimiques.
La décision initialement prise par Obama, Cameron et Hollande est donc louable. Voilà pour le principe. Hélas, il ne s'agit pas uniquement d'une question de principe. La guerre, comme chacun sait, n'est que la continuation de la politique par d'autres moyens. Comme toute entreprise politique, elle est affaire d'exécution.
Lancer des bombes sur des équipements et des armées du régime d'Assad sans accompagner cette offensive d'une action terrestre n'aurait très probablement pour effet que de renforcer le régime et lui permettre de saisir le calicot de la lutte contre les barbares occidentaux. Quand Hollande déclare que cette offensive n'aura pas pour ambition de renverser le dictateur syrien, il nage en pleine et dangereuse absurdité. Le genre de bête qu'est Assad est bien plus redoutable encore blessé qu’en forme. Tant que le chef et son proche entourage ne sont pas éliminés, rien n'est fait.
Autre hérésie tactique de notre stratège élyséen : s'engager dans le plus simple appareil sans s'être assuré au préalable de l'indéfectibilité de nos alliés et du fait qu'ils sont prêts à affronter des opinions publiques réticentes, des classes politiques capitulardes et des instances internationales paralysantes.
Résultat provisoire des courses : Assad nous nargue et les grands démocrates qui plastronnent à Téhéran et Moscou se frottent les mains.
Si Obama et Hollande ne se ressaisissent pas rapidement, ils auront fait subir aux vieilles démocraties bourgeoises, comme disaient les tyrans des années 30, leur pire défaite depuis longtemps. Faut-il vraiment s'étonner que notre chef du moment soit associé à pareil résultat ?
2 - La retraite des roses
Magnifique exercice de mystification que la prétendue réforme des retraites ! On augmente les cotisations au moment même où l’on décrète une pause fiscale, on fait miroiter aux patrons une baisse de leurs contributions à hauteur de ce que, fictivement donc, on va leur demander de verser, on écorne un peu plus la politique familiale pour trouver quelque sou - les familles nombreuses aisées votant généralement mal c'est bien fait pour elles - on ne corrige qu'à la toute petite marge la trajectoire de faillite sur laquelle on est lancé, le tout en espérant qu'une mystérieuse et mirifique croissance nous sauvera après 2017. Sondée, l’opinion se satisfait de ce miracle qui repousse à plus tard l’heure de vérité.
La question que pose cette pantomime est : comment Bruxelles, qui faisait d'un vrai assainissement de notre régime de retraites une sorte de symbole et de test de la volonté française de se réformer, peut-il accepter pareille mystification ? Décidément, et c'est là l'un des derniers atouts de Mou-président, la France est l'enfant gâté de l'Europe, pays auquel l'Union laisse passer des dérives et incartades qui seraient stigmatisés chez tout autre. Pourquoi ce traitement de faveur qui ne fait en réalité qu'entretenir nos déficits, grossir nos difficultés et menacer à terme l'Union elle-même ? Précisément parce que, sans la France, cette belle construction s'effondrerait.
Dans le jeu de poker menteur qu'il a engagé avec la Commission, Hollande sait bien que les eurocrates qui y vivent confortablement perdraient tout si la France capotait. Il peut donc continuer à faire semblant de craindre les gros yeux qu'on lui fait de Bruxelles.
Hélas, cette comédie ne continue d'être jouée qu'à la condition, posée par les Allemands, qu'on ne touche pas à la politique de change et à l'euro. Le socle industriel français, ou ce qu'il en reste, est donc de plus en plus sapé par le mécanisme même qui permet qu'on nous prête encore de l'argent.
Pour vos futurs départs à la retraites, on vous offrira un noeud coulant ...
3 - Roux dans la roue
Sa Martiale Normalité élyséenne a fait subrepticement savoir que, ma foi, si le Parlement rétablissait la défiscalisation sarkozyste des heures sup', il le laisserait faire. Les réactions à gauche étant plus que tièdes, elle l’a démenti.
Dans cet énième exercice de ballon-sonde, la réaction de Bruno Le Roux, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, vaut son pesant de cacahouètes : "Il peut y avoir des analyses sur ce que nous avons fait, les conséquences sur les plus petits salaires, la perte de pouvoir d’achat. Mais il faut avoir en tête ce que cela générait au sein des entreprises : quand une entreprise allait bien, elle n’embauchait pas, elle faisait faire des heures supplémentaires. Il n’est donc pas question aujourd’hui, au moment où nous sommes engagés dans l’inversion de la courbe du chômage, de revenir sur la (fiscalisation) des heures supplémentaires".
Remarquable déclaration en vérité ! On apprend d'abord, qu'effectivement, il y a eu des pertes pour les petits salaires et le pouvoir d'achat du fait de la politique menée depuis 2012. On découvre ensuite que certains entreprises allaient bien sous Sarkozy et qu'elle versaient des compléments de rémunération, ce qui ne paraît plus guère être le cas par les temps qui courent ... On est enfin rassuré : puisque Roux et ses camarades sont engagés dans l'inversion d'une courbe, les Français peuvent se serrer la ceinture. Est-ce que cela a à voir avec les difficultés de l'industrie automobile ?
Lire Atlantico ICI.
Au risque de surprendre ou même d’exaspérer certains lecteurs, j'oserai écrire que, de toutes les décisions et non décisions prises par notre Enfumeur national depuis son élection, le principe d'une intervention en Syrie - j'ai bien écrit le principe - est sans doute la meilleure.
Contrairement à une croyance communément répandue chez les sempiternels non-interventionnistes, on a le plus souvent raison de se débarrasser des tyrans. N'en déplaise à la pensée majoritaire, la situation en Irak, aujourd'hui, est moins cruelle pour le peuple irakien que celle du temps du satrape Saddam Hussein où l'on pouvait communément retrouver dans son jardin la tête d'un de ses proches et où la terreur régnait dans la plupart des foyers. L'élimination de ce despote a été, dans l'inconscient collectif oriental, le signal fort que ses pareils pouvaient être détrônés. Elle a contribué à préparer les esprits aux printemps arabes. En ce sens, George W. Bush, l'homme le plus haï en Occident depuis 30 ans, aura joué un rôle positif que l'Histoire, munie d'un grand H, réévaluera avec le temps. Si, après ces quelques lignes, je n'ai pas perdu l'estime des trois-quarts de mon lectorat, c'est à n'y rien comprendre !
Je continuerai donc pour le quart restant.
Assad, quant à lui, vient d'inscrire son nom dans la triste liste où figurent Adolf Hitler et Ali le chimique, seules autres personnes à avoir jamais fait volontairement gazer des enfants. Les complotistes convulsifs pourront toujours dénoncer la manipulation dont nous serions les victimes : les éléments présentés dans la note rédigée par les services de renseignement français sont précis, nombreux et concordants, voir ICI En pareil domaine, il ne faut jamais espérer les aveux des coupables. Comment imaginer que l’opposition syrienne ait pu, le 21 août dernier, déclencher une dizaine de tirs d’engins chimiques sur des quartiers de Damas puis que l’armée régulière, comme pour effacer la trace du forfait de ses ennemis, lui ait emboîté le pas par des frappes conventionnelles ? Plus simplement, comme son père à Hama en 1982 (10 000 victimes au moins !), Bachar El Assad n’a pas hésité à broyer ses opposants. Une bonne vieille tradition familiale ... Si ce nouveau crime abominable ne justifie pas une réaction déterminée et brutale de la communauté internationale, alors autant dissoudre l'ONU et sa cohorte d'organismes verbeux.
Pour convaincre les derniers hésitants de bonne foi, je renverrai à un remarquable article de Jean-Pierre Filiu ( LA), avec qui autrefois j’usai des fonds de culottes sur les bancs de Sciences-Po, dont je suis très loin de partager toutes les idées sur les questions orientales, mais qui a clairement résumé la situation dès le lendemain des bombardements chimiques.
La décision initialement prise par Obama, Cameron et Hollande est donc louable. Voilà pour le principe. Hélas, il ne s'agit pas uniquement d'une question de principe. La guerre, comme chacun sait, n'est que la continuation de la politique par d'autres moyens. Comme toute entreprise politique, elle est affaire d'exécution.
Lancer des bombes sur des équipements et des armées du régime d'Assad sans accompagner cette offensive d'une action terrestre n'aurait très probablement pour effet que de renforcer le régime et lui permettre de saisir le calicot de la lutte contre les barbares occidentaux. Quand Hollande déclare que cette offensive n'aura pas pour ambition de renverser le dictateur syrien, il nage en pleine et dangereuse absurdité. Le genre de bête qu'est Assad est bien plus redoutable encore blessé qu’en forme. Tant que le chef et son proche entourage ne sont pas éliminés, rien n'est fait.
Autre hérésie tactique de notre stratège élyséen : s'engager dans le plus simple appareil sans s'être assuré au préalable de l'indéfectibilité de nos alliés et du fait qu'ils sont prêts à affronter des opinions publiques réticentes, des classes politiques capitulardes et des instances internationales paralysantes.
Résultat provisoire des courses : Assad nous nargue et les grands démocrates qui plastronnent à Téhéran et Moscou se frottent les mains.
Si Obama et Hollande ne se ressaisissent pas rapidement, ils auront fait subir aux vieilles démocraties bourgeoises, comme disaient les tyrans des années 30, leur pire défaite depuis longtemps. Faut-il vraiment s'étonner que notre chef du moment soit associé à pareil résultat ?
2 - La retraite des roses
Magnifique exercice de mystification que la prétendue réforme des retraites ! On augmente les cotisations au moment même où l’on décrète une pause fiscale, on fait miroiter aux patrons une baisse de leurs contributions à hauteur de ce que, fictivement donc, on va leur demander de verser, on écorne un peu plus la politique familiale pour trouver quelque sou - les familles nombreuses aisées votant généralement mal c'est bien fait pour elles - on ne corrige qu'à la toute petite marge la trajectoire de faillite sur laquelle on est lancé, le tout en espérant qu'une mystérieuse et mirifique croissance nous sauvera après 2017. Sondée, l’opinion se satisfait de ce miracle qui repousse à plus tard l’heure de vérité.
La question que pose cette pantomime est : comment Bruxelles, qui faisait d'un vrai assainissement de notre régime de retraites une sorte de symbole et de test de la volonté française de se réformer, peut-il accepter pareille mystification ? Décidément, et c'est là l'un des derniers atouts de Mou-président, la France est l'enfant gâté de l'Europe, pays auquel l'Union laisse passer des dérives et incartades qui seraient stigmatisés chez tout autre. Pourquoi ce traitement de faveur qui ne fait en réalité qu'entretenir nos déficits, grossir nos difficultés et menacer à terme l'Union elle-même ? Précisément parce que, sans la France, cette belle construction s'effondrerait.
Dans le jeu de poker menteur qu'il a engagé avec la Commission, Hollande sait bien que les eurocrates qui y vivent confortablement perdraient tout si la France capotait. Il peut donc continuer à faire semblant de craindre les gros yeux qu'on lui fait de Bruxelles.
Hélas, cette comédie ne continue d'être jouée qu'à la condition, posée par les Allemands, qu'on ne touche pas à la politique de change et à l'euro. Le socle industriel français, ou ce qu'il en reste, est donc de plus en plus sapé par le mécanisme même qui permet qu'on nous prête encore de l'argent.
Pour vos futurs départs à la retraites, on vous offrira un noeud coulant ...
3 - Roux dans la roue
Sa Martiale Normalité élyséenne a fait subrepticement savoir que, ma foi, si le Parlement rétablissait la défiscalisation sarkozyste des heures sup', il le laisserait faire. Les réactions à gauche étant plus que tièdes, elle l’a démenti.
Dans cet énième exercice de ballon-sonde, la réaction de Bruno Le Roux, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, vaut son pesant de cacahouètes : "Il peut y avoir des analyses sur ce que nous avons fait, les conséquences sur les plus petits salaires, la perte de pouvoir d’achat. Mais il faut avoir en tête ce que cela générait au sein des entreprises : quand une entreprise allait bien, elle n’embauchait pas, elle faisait faire des heures supplémentaires. Il n’est donc pas question aujourd’hui, au moment où nous sommes engagés dans l’inversion de la courbe du chômage, de revenir sur la (fiscalisation) des heures supplémentaires".
Remarquable déclaration en vérité ! On apprend d'abord, qu'effectivement, il y a eu des pertes pour les petits salaires et le pouvoir d'achat du fait de la politique menée depuis 2012. On découvre ensuite que certains entreprises allaient bien sous Sarkozy et qu'elle versaient des compléments de rémunération, ce qui ne paraît plus guère être le cas par les temps qui courent ... On est enfin rassuré : puisque Roux et ses camarades sont engagés dans l'inversion d'une courbe, les Français peuvent se serrer la ceinture. Est-ce que cela a à voir avec les difficultés de l'industrie automobile ?
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