1 - Pourquoi tant d'Ukraine ?
Les démocrates devraient se poser de sérieuses questions. En Egypte avec Morsi ou en Ukraine avec Viktor Ianoukovitch, deux présidents régulièrement élus ont été balayés par la rue, avec la participation décisive des forces armées dans le premier cas. Et personne ou presque en Occident n'a protesté ou versé de larmes contre ces destitutions. Bien sûr, il s'agissait de super vilains, d'affreux corrompus et de patibulaires autocrates. Mais ils avaient été choisis par leurs concitoyens, ces tristes sires, que voulez-vous. Un peu comme un certain Moi-Président près de chez nous ... Dans ces conditions, leur départ forcé est, quoi qu'on en dise, une atteinte aux principes démocratiques. Il n'y a pas grande différence entre le renversement d'Allende et celui de Morsi, sauf que ce dernier est toujours en vie.
En réalité, ces "coups d'Etat populaires", mi putsch mi révolution, doivent nous faire réfléchir à l'évolution de la démocratie représentative. Les mandats anticonstitutionnellement (victoire, j'ai enfin réussi à le placer !) interrompus peuvent légitimement l'être si les dirigeants abusent de leur pouvoir et si les lois ne permettent pas de mettre fin à leurs dérives. En l'absence de procédure de "recall" et d'"impeachment" comme disent les Anglo-Saxons, ingrédients nécessaires à une démocratie moderne, l'insurrection risque de devenir la seule antidote à l'autoritarisme d'un pouvoir par ailleurs impotent.
Tout cela devrait préoccuper les gouvernants français actuels. La tentation de s'abriter derrière le seul rempart des CRS pour juguler une contestation montante sans autre discours que celui de la résignation ou autre instrument que la matraque est périlleuse. Ecolos-gauchistes de Notre-Dame des Landes, catholiques ulcérés ou dieudonnistes en colère : l'éventail des mécontentements s'ouvre chaque jour un peu plus. Il y a certes une différence de traitement entre tous ces contestataires puisque les émeutes urbaines de Nantes ont abouti à l'arrestation d'un activiste de "gauche", selon Loire-Atlantique, quand les manifestations au pire vociférantes de la droite et assimilés se sont soldées par des centaines d'interpellations. Mais enfin, ce qui compte, c'est que la fronde ne cesse de s'étendre. A cela, une explication : la crispation du pouvoir, incarnée par Valls, n’a d’égale que son inefficacité dans tous les domaines de l’action gouvernementale.
François Hollande est comme un moteur à trois temps : il promet une chose, puis fait mine de mettre en place le contraire pour finalement ne rien faire. Sa politique vis-à-vis des entreprises en est une parfaite illustration. D'abord une hausse des prélèvements puis l'annonce de baisses et, définitive, rien de concret si ce n'est de la parlote qui casse la confiance.
Autre cas d'école : le marché immobilier où les déclarations anti-propriétaires de Duflot, concomitantes de mesures destinées à relancer le marché, ont provoqué un à-coup qui l'a fait caler : les mises en chantier de logements neufs en France ont reculé de 9,2% sur un an, pendant les trois mois allant de novembre à janvier, pour s'établir à 85.062 unités, selon les statistiques du ministère du logement publiées mardi.
Il y a dans ce curieux mélange d'incapacité et de brutalité le carburant de la révolte.
C'est dans cette perspective qu'il faut interpréter les résultats d'un étonnant sondage publié il y a quelques semaines : 69 % des Français estiment que leur démocratie ne fonctionne pas bien ( en hausse de 21 points par rapport à 2009). 50% jugent désormais ‘’très bon’’ ou ‘’assez bon’’ un système politique qui a « à sa tête un homme fort qui n’a pas à se préoccuper du Parlement ni des élections» ..!
Puisque le «pouvoir» hollandais est sournoisement répressif sans être efficace il est logique qu’avec le temps les citoyens préfèrent l’autoritarisme assumé en espérant qu’il obtiendra davantage de résultats. Il est à craindre que les libéraux français, qui espèrent que l’échec socialiste ouvrira enfin la voie à des réformes indispensables, ne découvrent amèrement un jour que c’est au contraire vers davantage d’arbitraire et la recherche d’un homme fort que la faillite de François Hollande nous conduit.
2 - Pitié pour le fantôme de Matignon
Duflot déclare publiquement qu’elle soutiendrait les pires ennemis d’Ayrault si elle n’était pas membre du gouvernement et ce dernier n’a même plus l’autorité politique pour écarter immédiatement cette schizophrène politique ! Je dois dire que j’ai fini par prendre en pitié ce ministre qui n’est Premier que parce que les autres ne sont plus rien du tout. L’authenticité de ses vacances en combi Volkswagen et son imperturbable stoïcisme face à la molle perversité de son patron me le rendent sympathique. Il ne méritait pas ça, poveretto. Le débat actuel sur l’euthanasie devrait s’étendre à la chose gouvernementale. Ce n’est plus un remaniement, c’est un acte de charité qui s’impose.
3 - Défi, déficit
Moscovici est catégorique devant les prévisions budgétaires de la Commission européenne : «Elles sont placées sous le signe de la croissance et de la reprise en zone euro et confirment notre scénario d'amélioration global et graduelle de l'activité. La France tient sa trajectoire de réduction du déficit».
Considérant que ce dernier atteindra, selon les estimations optimistes de ladite Commission, 4,1 % du PIB français en 2013 puis 4 % en 2014 et 3, 9 % en 2015, c’est en 2024 que le seuil de 3 % sera enfin au rendez-vous, si l’on poursuit la «trajectoire» chère à Moscovici, 11 ans après nos engagements initiaux.
Les démocrates devraient se poser de sérieuses questions. En Egypte avec Morsi ou en Ukraine avec Viktor Ianoukovitch, deux présidents régulièrement élus ont été balayés par la rue, avec la participation décisive des forces armées dans le premier cas. Et personne ou presque en Occident n'a protesté ou versé de larmes contre ces destitutions. Bien sûr, il s'agissait de super vilains, d'affreux corrompus et de patibulaires autocrates. Mais ils avaient été choisis par leurs concitoyens, ces tristes sires, que voulez-vous. Un peu comme un certain Moi-Président près de chez nous ... Dans ces conditions, leur départ forcé est, quoi qu'on en dise, une atteinte aux principes démocratiques. Il n'y a pas grande différence entre le renversement d'Allende et celui de Morsi, sauf que ce dernier est toujours en vie.
En réalité, ces "coups d'Etat populaires", mi putsch mi révolution, doivent nous faire réfléchir à l'évolution de la démocratie représentative. Les mandats anticonstitutionnellement (victoire, j'ai enfin réussi à le placer !) interrompus peuvent légitimement l'être si les dirigeants abusent de leur pouvoir et si les lois ne permettent pas de mettre fin à leurs dérives. En l'absence de procédure de "recall" et d'"impeachment" comme disent les Anglo-Saxons, ingrédients nécessaires à une démocratie moderne, l'insurrection risque de devenir la seule antidote à l'autoritarisme d'un pouvoir par ailleurs impotent.
Tout cela devrait préoccuper les gouvernants français actuels. La tentation de s'abriter derrière le seul rempart des CRS pour juguler une contestation montante sans autre discours que celui de la résignation ou autre instrument que la matraque est périlleuse. Ecolos-gauchistes de Notre-Dame des Landes, catholiques ulcérés ou dieudonnistes en colère : l'éventail des mécontentements s'ouvre chaque jour un peu plus. Il y a certes une différence de traitement entre tous ces contestataires puisque les émeutes urbaines de Nantes ont abouti à l'arrestation d'un activiste de "gauche", selon Loire-Atlantique, quand les manifestations au pire vociférantes de la droite et assimilés se sont soldées par des centaines d'interpellations. Mais enfin, ce qui compte, c'est que la fronde ne cesse de s'étendre. A cela, une explication : la crispation du pouvoir, incarnée par Valls, n’a d’égale que son inefficacité dans tous les domaines de l’action gouvernementale.
François Hollande est comme un moteur à trois temps : il promet une chose, puis fait mine de mettre en place le contraire pour finalement ne rien faire. Sa politique vis-à-vis des entreprises en est une parfaite illustration. D'abord une hausse des prélèvements puis l'annonce de baisses et, définitive, rien de concret si ce n'est de la parlote qui casse la confiance.
Autre cas d'école : le marché immobilier où les déclarations anti-propriétaires de Duflot, concomitantes de mesures destinées à relancer le marché, ont provoqué un à-coup qui l'a fait caler : les mises en chantier de logements neufs en France ont reculé de 9,2% sur un an, pendant les trois mois allant de novembre à janvier, pour s'établir à 85.062 unités, selon les statistiques du ministère du logement publiées mardi.
Il y a dans ce curieux mélange d'incapacité et de brutalité le carburant de la révolte.
C'est dans cette perspective qu'il faut interpréter les résultats d'un étonnant sondage publié il y a quelques semaines : 69 % des Français estiment que leur démocratie ne fonctionne pas bien ( en hausse de 21 points par rapport à 2009). 50% jugent désormais ‘’très bon’’ ou ‘’assez bon’’ un système politique qui a « à sa tête un homme fort qui n’a pas à se préoccuper du Parlement ni des élections» ..!
Puisque le «pouvoir» hollandais est sournoisement répressif sans être efficace il est logique qu’avec le temps les citoyens préfèrent l’autoritarisme assumé en espérant qu’il obtiendra davantage de résultats. Il est à craindre que les libéraux français, qui espèrent que l’échec socialiste ouvrira enfin la voie à des réformes indispensables, ne découvrent amèrement un jour que c’est au contraire vers davantage d’arbitraire et la recherche d’un homme fort que la faillite de François Hollande nous conduit.
2 - Pitié pour le fantôme de Matignon
Duflot déclare publiquement qu’elle soutiendrait les pires ennemis d’Ayrault si elle n’était pas membre du gouvernement et ce dernier n’a même plus l’autorité politique pour écarter immédiatement cette schizophrène politique ! Je dois dire que j’ai fini par prendre en pitié ce ministre qui n’est Premier que parce que les autres ne sont plus rien du tout. L’authenticité de ses vacances en combi Volkswagen et son imperturbable stoïcisme face à la molle perversité de son patron me le rendent sympathique. Il ne méritait pas ça, poveretto. Le débat actuel sur l’euthanasie devrait s’étendre à la chose gouvernementale. Ce n’est plus un remaniement, c’est un acte de charité qui s’impose.
3 - Défi, déficit
Moscovici est catégorique devant les prévisions budgétaires de la Commission européenne : «Elles sont placées sous le signe de la croissance et de la reprise en zone euro et confirment notre scénario d'amélioration global et graduelle de l'activité. La France tient sa trajectoire de réduction du déficit».
Considérant que ce dernier atteindra, selon les estimations optimistes de ladite Commission, 4,1 % du PIB français en 2013 puis 4 % en 2014 et 3, 9 % en 2015, c’est en 2024 que le seuil de 3 % sera enfin au rendez-vous, si l’on poursuit la «trajectoire» chère à Moscovici, 11 ans après nos engagements initiaux.