Artiste symboliste, surréaliste avant l'heure, épris de mystère et de fantastique, héritier des tableaux noirs de Goya et des incantations peintes de Gustave Moreau, Redon n'était d'aucune école. Très épris de lithographie, son trait, dès ses débuts, se voulait dépouillé et contrasté. Un oeil nous regarde, des araignées nous sourient, des têtes tranchées nous fixent et pourtant ce monde inquiétant ne nous est pas hostile ni même étranger. L'absurde est un proche parent. Redon ne savait pas vraiment pourquoi il dessinait ces choses, ce bestiaire ascétique. Les légendes qu'il donnait à ses illustrations n'avaient aucun rapport évident avec elles, une sorte d'écriture automatique, précurseur elle-aussi des surréalistes. Son oeuvre a donc un côté un peu gratuit et presque stérile. Que voulait-il signifier ? Quelle est sa cohérence ? Nous n'en savons rien, pour peu qu'il y ait quelque chose à élucider. Seul le résultat compte : une modernité incroyable dans certains dessins qui anticipent sur l'Art décoratif comme sur De Chirico et même sur le Picasso de Boisgeloup.
Mais la partie la plus intéressante et inattendue de l'exposition est la présentation des décors peints au début du vingtième siècle par Redon pour la demeure de Robert de Domecy. Entrés par dation dans les collections d'Orsay en 1988 à la suite du décès du grand collectionneur Henri-Marie Pétiet, ce chef-d'oeuvre en quinze panneaux dort ridiculement dans les réserves du musée. Il n'a pratiquement jamais été montré au public. Pourtant, il est au moins aussi inventif et novateur que les nymphéas de Monet. Qu'il puisse retourner bientôt dans cette ignorance sombre est un non-sens. Leur exposition permanente devrait être considérée comme un devoir par le ministère de la culture. C'est le mérite principal de l'événement du Grand Palais de l'avoir démontré.
Mais la partie la plus intéressante et inattendue de l'exposition est la présentation des décors peints au début du vingtième siècle par Redon pour la demeure de Robert de Domecy. Entrés par dation dans les collections d'Orsay en 1988 à la suite du décès du grand collectionneur Henri-Marie Pétiet, ce chef-d'oeuvre en quinze panneaux dort ridiculement dans les réserves du musée. Il n'a pratiquement jamais été montré au public. Pourtant, il est au moins aussi inventif et novateur que les nymphéas de Monet. Qu'il puisse retourner bientôt dans cette ignorance sombre est un non-sens. Leur exposition permanente devrait être considérée comme un devoir par le ministère de la culture. C'est le mérite principal de l'événement du Grand Palais de l'avoir démontré.
