Le Delanopolis : " Alors Serge, il semblerait que vous ayez vu juste, au moins pour Ségolène, au sujet de l'incapacité des leaders socialistes à éviter de courir à l'affrontement."
Serge Federbusch : "Ce n'est pas une question mais un compliment ! Mais je l'apprécie à sa juste valeur."
D : "Bon, fi des courbettes, venons-en alors à la question : pourquoi cette accélération ségoliste ?"
SF : "On retrouve la Ségo qu'on aimait : celle de décembre 2005 qui prit tout le monde de court en se lançant, trompe en avant, contre les autres éléphants. Elle ne doute de rien, elle est un peu à l'écart du système des grands corps qui règne en France, y compris au sein du PS. C'est sa qualité principale. J'apprécie notamment son offre savoureuse du poste de Premier ministre à DSK !"
D : "Donc, c'est uniquement parce qu'elle est une tête brûlée qu'elle sort du bois aussi tôt ?"
SF : "Non, bien sûr, elle était en train de se faire marginaliser par Aubry et DSK. Elle a voulu éviter ce piège."
D : "Etait-ce trop tôt ?"
SF : "Non, au contraire. Sa stratégie est de s'appuyer sur les sympathisants contre les adhérents qui sont tenus et encadrés par les clans. Elle a besoin pour cela de sillonner le pays pour étoffer "Désirs d'avenir" et recruter des gens qui s'inscriront sur les listes d'électeurs pour les primaires et noieront le système des apparatchiks sous le nombre. Et, en démarrant maintenant, elle dégage une énergie susceptible d'attirer tous ceux qui ont besoin de se retrouver dans une masse en mouvement, dans une foule. C'est de la communion charismatique au sens de Freud et Weber, c'est déjà ce qu'elle avait fait en 2006."
D : "Mais ça marchera ?"
SF : "Auprès des sympathisants au sens large, de beaucoup de gens en souffrance un peu perdus, ça peut fonctionner."
D : "Aubry et DSK n'ont pas l'air inquiets pourtant."
SF : "Je n'en suis pas si sûr. En tous cas, ils auraient tort de ne pas l'être. Ségo va prendre une longueur d'avance hors du noyau dur des militants. Les deux autres auront du mal à refaire leur retard si cette différence tactique dure plus que quelques mois."
D : "Ils comptent davantage sur l'appareil pour Aubry et les médias pour DSK, vous ne pensez-pas?"
SF : "C'est juste. Mais si Ségo parvient à drainer des dizaines de milliers de votants, cela peut devenir très embêtant pour eux. Surtout pour Aubry qui n'est absolument pas populaire et dont l'atout principal est le contrôle de l'appareil. Au pire, si les deux autres mettent des bâtons dans les roues de Ségo et manipulent ostensiblement les primaires, cette dernière pourra plus aisément dénoncer les magouilles de Solférino et s'appuyer sur son maillage pour tenter une candidature libre."
D :"Donc Aubry et DSK font une erreur en ne la suivant pas ?"
SF : "Absolument. Mais DSK ne peut pas y aller sauf à quitter rapidement le FMI. Et Aubry, si elle se déclare candidate, ne pourra échapper à une démission de son poste de premier secrétaire pour cause de respect de l'impartialité de la fonction. Or, ce job est son instrument principal de conquête de l'investiture. C'est plutôt bien joué de la part de Ségo même si c'est improvisé. D'ailleurs, elle se paie le luxe de les appeler formellement à accélérer le calendrier, ce qui démontre qu'elle a le sentiment de les avoir piégés."
D :"Mais s'ils y vont tous tout de suite, c'est la foire d'empoigne pendant un an !"
SF: "Certes, c'est pourquoi ils devraient se mettre d'accord pour accélérer le calendrier. La condition est simple : que DSK quitte le FMI et Aubry la tête du PS dans les deux ou trois mois."
D :"Le feront-ils ?"
SF :"Allez savoir ! Mais c'est peu probable. L'accord Aubry/DSK sur le calendrier tardif était un jeu de dupes : Aubry tirait prétexte du temps donné à DSK pour verrouiller le PS et empêcher des primaires vraiment élargies. DSK voulait conserver deux fers au feu le plus longtemps possible. Et éventuellement profiter de la probable contagion de la crise de la dette souveraine à la France pour passer le moment venu pour un sauveur. Tous ces calculs ont volé en éclats au bout de trois mois. Sans compter que la démission d'Aubry forcerait à élire un nouveau premier secrétaire, ce qui ouvrirait un second théâtre de conflit."
D : "Donc, si ces deux là ne bougent pas ?"
SF :"Ils assisteront impuissants à la croissance de la tumeur "Désirs d'avenir" comme en 2006".
D : "Et s'ils y vont tous tout de suite ?"
SF :" Je le répète : dans l'état actuel du calendrier d'investiture, ils seront couverts de plaies et bosses d'ici 2012. Le problème est que DSK et Aubry doivent tomber d'accord pour accélérer les choses. Mais il y a peu de chances qu'ils y parviennent car DSK aura peur de tout perdre et Aubry redoute la faiblesse persistante de son image dans l'opinion face aux deux autres. Le mouvement de Ségo a enfoncé un coin dans l'alliance de circonstances de ses concurrents."
D : "Hé, hé, ils sont foutus !?"
SF :"Grands dieux non ! Tout peut arriver. Et les citoyens ont droit de rigoler un peu d'ici 2012, vous ne trouvez pas ?"
D :"A suivre donc."
SF :"Ce ne sera pas facile !"
(Interview relue et validée par l'interviewé, il peut toujours nous faire un procès tiens !)
Serge Federbusch : "Ce n'est pas une question mais un compliment ! Mais je l'apprécie à sa juste valeur."
D : "Bon, fi des courbettes, venons-en alors à la question : pourquoi cette accélération ségoliste ?"
SF : "On retrouve la Ségo qu'on aimait : celle de décembre 2005 qui prit tout le monde de court en se lançant, trompe en avant, contre les autres éléphants. Elle ne doute de rien, elle est un peu à l'écart du système des grands corps qui règne en France, y compris au sein du PS. C'est sa qualité principale. J'apprécie notamment son offre savoureuse du poste de Premier ministre à DSK !"
D : "Donc, c'est uniquement parce qu'elle est une tête brûlée qu'elle sort du bois aussi tôt ?"
SF : "Non, bien sûr, elle était en train de se faire marginaliser par Aubry et DSK. Elle a voulu éviter ce piège."
D : "Etait-ce trop tôt ?"
SF : "Non, au contraire. Sa stratégie est de s'appuyer sur les sympathisants contre les adhérents qui sont tenus et encadrés par les clans. Elle a besoin pour cela de sillonner le pays pour étoffer "Désirs d'avenir" et recruter des gens qui s'inscriront sur les listes d'électeurs pour les primaires et noieront le système des apparatchiks sous le nombre. Et, en démarrant maintenant, elle dégage une énergie susceptible d'attirer tous ceux qui ont besoin de se retrouver dans une masse en mouvement, dans une foule. C'est de la communion charismatique au sens de Freud et Weber, c'est déjà ce qu'elle avait fait en 2006."
D : "Mais ça marchera ?"
SF : "Auprès des sympathisants au sens large, de beaucoup de gens en souffrance un peu perdus, ça peut fonctionner."
D : "Aubry et DSK n'ont pas l'air inquiets pourtant."
SF : "Je n'en suis pas si sûr. En tous cas, ils auraient tort de ne pas l'être. Ségo va prendre une longueur d'avance hors du noyau dur des militants. Les deux autres auront du mal à refaire leur retard si cette différence tactique dure plus que quelques mois."
D : "Ils comptent davantage sur l'appareil pour Aubry et les médias pour DSK, vous ne pensez-pas?"
SF : "C'est juste. Mais si Ségo parvient à drainer des dizaines de milliers de votants, cela peut devenir très embêtant pour eux. Surtout pour Aubry qui n'est absolument pas populaire et dont l'atout principal est le contrôle de l'appareil. Au pire, si les deux autres mettent des bâtons dans les roues de Ségo et manipulent ostensiblement les primaires, cette dernière pourra plus aisément dénoncer les magouilles de Solférino et s'appuyer sur son maillage pour tenter une candidature libre."
D :"Donc Aubry et DSK font une erreur en ne la suivant pas ?"
SF : "Absolument. Mais DSK ne peut pas y aller sauf à quitter rapidement le FMI. Et Aubry, si elle se déclare candidate, ne pourra échapper à une démission de son poste de premier secrétaire pour cause de respect de l'impartialité de la fonction. Or, ce job est son instrument principal de conquête de l'investiture. C'est plutôt bien joué de la part de Ségo même si c'est improvisé. D'ailleurs, elle se paie le luxe de les appeler formellement à accélérer le calendrier, ce qui démontre qu'elle a le sentiment de les avoir piégés."
D :"Mais s'ils y vont tous tout de suite, c'est la foire d'empoigne pendant un an !"
SF: "Certes, c'est pourquoi ils devraient se mettre d'accord pour accélérer le calendrier. La condition est simple : que DSK quitte le FMI et Aubry la tête du PS dans les deux ou trois mois."
D :"Le feront-ils ?"
SF :"Allez savoir ! Mais c'est peu probable. L'accord Aubry/DSK sur le calendrier tardif était un jeu de dupes : Aubry tirait prétexte du temps donné à DSK pour verrouiller le PS et empêcher des primaires vraiment élargies. DSK voulait conserver deux fers au feu le plus longtemps possible. Et éventuellement profiter de la probable contagion de la crise de la dette souveraine à la France pour passer le moment venu pour un sauveur. Tous ces calculs ont volé en éclats au bout de trois mois. Sans compter que la démission d'Aubry forcerait à élire un nouveau premier secrétaire, ce qui ouvrirait un second théâtre de conflit."
D : "Donc, si ces deux là ne bougent pas ?"
SF :"Ils assisteront impuissants à la croissance de la tumeur "Désirs d'avenir" comme en 2006".
D : "Et s'ils y vont tous tout de suite ?"
SF :" Je le répète : dans l'état actuel du calendrier d'investiture, ils seront couverts de plaies et bosses d'ici 2012. Le problème est que DSK et Aubry doivent tomber d'accord pour accélérer les choses. Mais il y a peu de chances qu'ils y parviennent car DSK aura peur de tout perdre et Aubry redoute la faiblesse persistante de son image dans l'opinion face aux deux autres. Le mouvement de Ségo a enfoncé un coin dans l'alliance de circonstances de ses concurrents."
D : "Hé, hé, ils sont foutus !?"
SF :"Grands dieux non ! Tout peut arriver. Et les citoyens ont droit de rigoler un peu d'ici 2012, vous ne trouvez pas ?"
D :"A suivre donc."
SF :"Ce ne sera pas facile !"
(Interview relue et validée par l'interviewé, il peut toujours nous faire un procès tiens !)