La difficulté tient à l’embarras du choix, caramba !
Car c’est tout son projet et ses propos qui mériteraient de figurer au Guinness book des blagues soviétisantes. Observons l’épais traité qui vise à démontrer la faisabilité financière de son programme. Il lui a permis de déblatérer cinq heures d’affilée, dans une sorte de radio-cococrochet. Il rappelle furieusement les plans quinquennaux de développement à la Krouchtchev et à la Brejnev, d’autant plus lourds et détaillés qu’ils ne menaient à rien si ce n’est à la faillite industrielle.
Et pourquoi ça ? Parce qu’il y a une réalité et une seule que le gauchisme bureaucratique ne peut admettre : une société innovante et créatrice de richesse est fondée sur l’initiative individuelle et son aiguillon, la recherche du profit. L’argent qui incite, l’argent qui stimule, l’argent qui libère, devrait on dire en prenant le contrepied des hypocrites accents mitterrandiens.
La plus grande des énormités mélenchoniennes ne saute donc pas aux yeux. Elle semble même parée de bonnes intentions. Elle tient à sa proposition de limitation des écarts de salaires et des revenus à une échelle d’un à vingt. Ce rapport semble maintenir de nettes inégalités. Mais ce resserrement arbitraire des richesses ouvrirait la boîte de Pandore de l’écrasement des rêves et des ambitions. Il conduirait à un nivellement par le bas, une économie de paupérisation et son corollaire politique : l’autoritarisme bureaucratique dès lors qu’il faudra lutter contre tous ceux qui résisteront ou voudront prendre la poudre d’escampette.
Qu’on puisse à ce point méconnaître les enseignements des faillites du socialisme ne s’explique pas par de l’aveuglement. Mélenchon est un individu intelligent. Cela ne peut s’interpréter que par le cynisme d’un tribun madré qui exploite sans vergogne l’ignorance, l’imbécillité et les sentiments de jalousie frustrée d’une grande partie de ses troupes.
Deuxième énormité mélechonienne et autre boîte de Pandore : la grande conférence sur la redéfinition des frontières issues de la disparition de l’Union soviétique. C’est la voie expresse pour le réveil de toutes les revendications territoriales, les irrédentismes et autres nationalismes mal guéris. Rien qu’entre Ukrainiens, Magyars, Allemands et Russes, il y aurait de quoi provoquer trois ou quatre conflits à l’échelle européenne. Une authentique folie qui fit tousser jusque Benoît Hamon lors du débat à cinq sur TF1.
Troisième facétie : la semaine de 32 heures. Quand on observe les dégâts de celle de 35 et qu’on considère que la nocivité d’une telle mesure est exponentielle, pareille réduction de la durée du travail aboutirait très vite à des faillites en chaîne dans le privé et une impossibilité de financement du secteur public.
Continuons avec le remboursement des soins de santé à 100 %, histoire de provoquer au bout de six mois la faillite du régime d’assurance-maladie.
Et terminons avec le rétablissement de la retraite à 60 ans sans aucune réserve ni décote, de quoi en faire autant de l’assurance-vieillesse. Même le Front national, âprement critiqué sur ce point, prend la précaution de dire que la durée de cotisation ne sera pas réduite.
Voilà, cela fait cinq dingo-dossiers bolcho-cégétistes. Et pourtant, il paraîtrait que 15 % des électeurs sont convaincus. On conçoit bien que pour ces inguérissables de l’aveuglement politique le remboursement complet des soins soient une nécessité absolue ...