Plan Bérézina, plan Bir Hakeim ou plan Barge pour la droite ?
Chacun connaît le désespérant passage de la Bérézina qui entraîna la Grande armée dans un enfer glacé où Napoléon vit geler ses rêves d’unité européenne.
C’est ce douloureux rappel historique que François Fillon a convoqué il y a un mois pour dissuader les cadres et électeurs de droite de soutenir un plan B, une candidature alternative à la sienne. Depuis lors, sa débâcle au sens politique et tactique du terme n’a fait que se confirmer.
En cherchant du côté des victoires françaises qui commencent par la lettre B, on ne trouve guère que la bataille de Bir Hakeim, qui a toutefois fière allure.
Combat autour d’un point d’eau désaffecté au milieu du désert de Libye lors de la Seconde guerre mondiale, on y vit les forces de la 1re brigade française libre du général Koenig résister aux attaques de Rommel. Le répit ainsi gagné permit aux Anglais de triompher à El Alamein, un des tournants du conflit.
Le retour de Juppé aurait-il permis, comme quelques sondages le laissent penser, de renverser ainsi la situation au profit du champion de la droite et du centre ? Aurait-il été le point de retournement d’une campagne qu’on croit désormais perdue ?
Le principal argument en faveur de cette hypothèse optimiste tenait à la détestation profonde de l’électorat de droite pour Hollande et ses clones, dont Macron est une parfaite incarnation. La droite «dure» ne voulait pas de Juppé et a voté Fillon lors des Primaires. Mais, face à l’hypothèse cataclysmique de cinq années de hollandisme «new wave», elle est prête à tout oublier et povait même pardonner au fils spirituel de Chirac.
Juppé aurait ainsi été purgé de son péché originel, lavé des suspicions de complaisance face à l’islamo-gauchisme. Ce n’était plus Ali Juppé mais allô Juppé !
Au regard de ce puissant sentiment, il y avait l’argumentaire que les Le Pen, Macron, Hamon et Mélenchon s’apprêtaient à faire tourner en boucle : Juppé est un candidat de substitution, un ringard dont son propre électorat n’a pas voulu. Comment pourrait-il défendre un projet et des idées d’abord rejetées par ses troupes ? Qui aurait pu croire à son «identité heureuse» dans une France où les haines et les rancoeurs submergent tout, entre gauche et droite mais aussi à l’intérieur de chaque camp ?
Et puis les Républicains guidés par Juppé ne ressembleraient-ils pas à une légion de girouettes ? Prenons l’exemple de Valérie Pécresse, qui avait fait un parcours politique jusque là sans faute et qui s’est trompée à plusieurs reprises.
D’abord en lâchant Fillon pour Juppé, puis en soutenant Juppé trop longtemps puis en le lâchant in extremis avec hypocrisie avant de rétro-pédaler dans les heures qui ont suivi ! Toute cette affaire contamine l’ensemble des dirigeants de la droite «républicaine». Ils n’en meurent pas tous mais tous sont désormais atteints, au moins de ridicule.
Face à Macron et Le Pen, Juppé aurait bénéficié sans doute pendant quelques jours d’un effet de surprise et de dramaturgie. Mais ses faiblesses intrinsèques : âge, fatigue, ambiguité face à l’islam réactionnaire, incarnation de la bourgeoisie étatique issue de l’Inspection des finances tout comme Macron, auraient vite fini par remonter à la surface.
Comment Juppé aurait-il pu défendre le projet de Fillon ? Et quelle légitimité aurait-il eu à reprendre celui qu’il portait lors des primaires ? Bref, chaque jour qui passe est aujourd’hui porteur de surprises, d’étonnement, d’amusement et de désenchantement.
S’il y a un plan B dans cette folle campagne, c’est un plan «barge».
Chacun connaît le désespérant passage de la Bérézina qui entraîna la Grande armée dans un enfer glacé où Napoléon vit geler ses rêves d’unité européenne.
C’est ce douloureux rappel historique que François Fillon a convoqué il y a un mois pour dissuader les cadres et électeurs de droite de soutenir un plan B, une candidature alternative à la sienne. Depuis lors, sa débâcle au sens politique et tactique du terme n’a fait que se confirmer.
En cherchant du côté des victoires françaises qui commencent par la lettre B, on ne trouve guère que la bataille de Bir Hakeim, qui a toutefois fière allure.
Combat autour d’un point d’eau désaffecté au milieu du désert de Libye lors de la Seconde guerre mondiale, on y vit les forces de la 1re brigade française libre du général Koenig résister aux attaques de Rommel. Le répit ainsi gagné permit aux Anglais de triompher à El Alamein, un des tournants du conflit.
Le retour de Juppé aurait-il permis, comme quelques sondages le laissent penser, de renverser ainsi la situation au profit du champion de la droite et du centre ? Aurait-il été le point de retournement d’une campagne qu’on croit désormais perdue ?
Le principal argument en faveur de cette hypothèse optimiste tenait à la détestation profonde de l’électorat de droite pour Hollande et ses clones, dont Macron est une parfaite incarnation. La droite «dure» ne voulait pas de Juppé et a voté Fillon lors des Primaires. Mais, face à l’hypothèse cataclysmique de cinq années de hollandisme «new wave», elle est prête à tout oublier et povait même pardonner au fils spirituel de Chirac.
Juppé aurait ainsi été purgé de son péché originel, lavé des suspicions de complaisance face à l’islamo-gauchisme. Ce n’était plus Ali Juppé mais allô Juppé !
Au regard de ce puissant sentiment, il y avait l’argumentaire que les Le Pen, Macron, Hamon et Mélenchon s’apprêtaient à faire tourner en boucle : Juppé est un candidat de substitution, un ringard dont son propre électorat n’a pas voulu. Comment pourrait-il défendre un projet et des idées d’abord rejetées par ses troupes ? Qui aurait pu croire à son «identité heureuse» dans une France où les haines et les rancoeurs submergent tout, entre gauche et droite mais aussi à l’intérieur de chaque camp ?
Et puis les Républicains guidés par Juppé ne ressembleraient-ils pas à une légion de girouettes ? Prenons l’exemple de Valérie Pécresse, qui avait fait un parcours politique jusque là sans faute et qui s’est trompée à plusieurs reprises.
D’abord en lâchant Fillon pour Juppé, puis en soutenant Juppé trop longtemps puis en le lâchant in extremis avec hypocrisie avant de rétro-pédaler dans les heures qui ont suivi ! Toute cette affaire contamine l’ensemble des dirigeants de la droite «républicaine». Ils n’en meurent pas tous mais tous sont désormais atteints, au moins de ridicule.
Face à Macron et Le Pen, Juppé aurait bénéficié sans doute pendant quelques jours d’un effet de surprise et de dramaturgie. Mais ses faiblesses intrinsèques : âge, fatigue, ambiguité face à l’islam réactionnaire, incarnation de la bourgeoisie étatique issue de l’Inspection des finances tout comme Macron, auraient vite fini par remonter à la surface.
Comment Juppé aurait-il pu défendre le projet de Fillon ? Et quelle légitimité aurait-il eu à reprendre celui qu’il portait lors des primaires ? Bref, chaque jour qui passe est aujourd’hui porteur de surprises, d’étonnement, d’amusement et de désenchantement.
S’il y a un plan B dans cette folle campagne, c’est un plan «barge».