1 – Et tout ça, ça fait d’excellents français …
Avez-vous remarqué combien la carte d’électeur ressemble de plus en plus à une grille de Loto ou de Bingo ?
Grosso modo, l’opinion est désormais tranchée en un quatre quart un tantinet bourratif. Mon premier est communiste, forme les bataillons de Mélenchon et une petite partie de ceux qui demeurent fidèles à Hamon. Comment un tel système, qui a échoué partout dans le monde, peut-il encore trouver autant de partisans ? L’explication tient en un chiffre : en France près de 58 % du PIB passe en dépenses publiques. Il existe donc une large fraction de la population ayant perdu ou n’ayant même jamais eu de relation avec la création de richesses, ses difficultés, ses aléas, ses exigences. Il s’agit quasiment d’une perte de repères animaux. L’Etat tutélaire forme l’alpha et l’oméga de son univers. Si les choses vont mal, c’est qu’il subsiste un secteur privé, fait d’exploitation effroyable et de terreur. Et, si l’on a le malheur d’y travailler, on rêve d’y échapper.
Jean-Luc Mélenchon en tire les conséquences : il faut essorer ce qu’il reste de bourgeoisie et de richesse privée pour financer le soi-disant modèle social français jusqu’à l’acharnement thérapeutique. Après, on verra bien. De toutes les façons ses penchants autoritaires le feront lutter avec la dernière énergie contre tous ceux qui résisteront contre cette entreprise.
Non, il ne s’agit pas d’une caricature. Au niveau actuel de prélèvements obligatoires, de déficits et de dette publics, leur alourdissement considérable voulu par Mélenchon ferait atteindre à la France un point de non-retour. Certes Mélenchon sait bien qu’il n’aura pas de majorité parlementaire. Mais il a prévu un moyen de contourner les législatives : la convocation d’une assemblée constituante. Chaos assuré, miam !
Mon deuxième est le plus optimiste : il s’agit des européistes. Ils espèrent et croient encore au système, pensent s’en sortir tant bien que mal dans l’économie mixte à la Française, où l’Etat déploie ses ailes et ses crédits dans une myriade d’entités vivant plus ou moins directement d’aides ou de commandes publiques.
Le gloubi-boulga de Macron leur va bien. Il ne dit rien de précis si ce n’est qu’il tentera de négocier à la godille avec Bruxelles, Francfort et les autres puissances financières ex-ennemies afin que tout change pour que rien ne change. Les taux d’intérêt ne monteront pas. On pressurera juste un peu les propriétaires fonciers pour assurer la soudure. L’élection de Macron reviendrait à une sorte de gros remaniement ministériel sous Hollande.
Ce candidat ne s’appesantit pas davantage sur les menaces nouvelles que l’islamisme fait courir à la société : là aussi tout s’arrangera avec des sourires vivre-ensemblistes et en croisant les doigts. Les enfants d’immigrés sont priés de se laisser ubériser gentiment. Tout cela réunit plutôt 20 % que 25 % des électeurs. L’affaire n’est donc pas gagnée pour cette pochette surprise décorée par les médias. D’autant que, s’il était élu, les instances européennes se souviendront très vite qu’elles entendent lui imposer des choix désagréables pour la population. De jolis désarrois et affrontements en perspective …
Mon troisième quart est sage, très sage : les conservateurs. Ces gens bien élevés rêvent d’un retour à une France équilibrée, gentiment prospère, où les menaces seraient conjurées sans qu’on ait à sortir l’artillerie lourde, où la seule vue de la croix tiendrait en respect le croissant. Fillon est leur candidat naturel. Il leur a joué un vilain tour en poussant la logique du bon père de famille à un point que le droit et la morale réprouvent.
Mais bon, nul n’est parfait en ce bas monde et l’animal est désormais connu sous toutes les coutures, sans référence aucune à sa garde-robe. Reste que l’austérité à laquelle il entend vouer le secteur public réduit son coefficient de popularité dès qu’on quitte le secteur privé pur et dur. Voilà pourquoi il lui sera bien difficile de dépasser lui-aussi les 20 et quelques pour cent.
Reste ma quatrième, la diabolisée du front. Il ne se passe pas un quart d’heure sans que dans n’importe quel patelin égaré sur cette planète, un amuseur public ou un Nobel quelconque la voue aux Gémonies. Délaissant la traditionnelle clientèle paternelle, petits patrons et prolétariat malmené par la concurrence et l’immigration, elle a entrepris un temps de ratisser plus large en direction de ce fameux secteur public. La voilà donc défenseure, comme disent les dictionnaires socialistes, des acquis sociaux. Las ! Le message s’est brouillé et elle a dû le recentrer in extremis sur ses fondamentaux. Peut-être la victoire d’Erdogan et les rumeurs d’attentats lui permettront-ils de faire la différence dans le sprint final.
Cette partie de catch à quatre, où les compétiteurs se battent pour le douteux privilège de morfler nuit et jour dans les cinq ans qui viennent, traduit l’épuisement d’un régime présidentiel affaibli par le quinquennat, les réformes constitutionnelles de ces dernières décennies et plus encore par le transfert de la réalité du pouvoir monétaire et budgétaire à l’Union européenne et ses démembrements. Tout pronostic devient totalement hasardeux. Il est forcément pollué par les préférences qu’on peut avoir. Pour y céder, en amoureux du parler populaire et des jeux du cirque je ne souhaite qu’une chose : que Macron soit éliminé sèchement. Le suspense durerait ainsi jusqu’au deuxième tour et la sagesse y gagnerait ce proverbe nouveau : « En marche, pas en avril ! »
2 – Araud sur le baudet
S’il fallait trouver une raison supplémentaire de ne pas voter pour Macron, un « indiscret » paru dans la presse nous la donnerait. Les cabinets ministériels grenouillent pour la future répartition de la mangeaille et, au Quai d’Orsay, on se refile déjà les postes. Le nom de Gérard Araud est donné comme Sherpa d’un président Macron qui, « peu féru de diplomatie, devrait s’appuyer sur quelqu’un d’expérimenté » !
Il faut rappeler que ce brillant agent s’est distingué en twittant contre Trump alors qu’il est ambassadeur aux Etats-Unis et en violant neutralité et devoir de réserve en indiquant, avec son collègue en poste au Japon, qu’il refuserait de servir un président FN.
Une preuve de plus que le macronisme ne serait que la dégénérescence de la politique, mangée par la technostructure, aux ordres de tous ceux qui veulent assujettir la France.