Affronter réellement les difficultés qui assaillent la France serait un combat titanesque. En lieu et place de cette geste digne de l’Antique, on veut nous vendre une lutte entre nains, réduite à des coups fourrés, des évitements, des redites, des petites ruses.
Le cas «Hollande» est définitivement jugé. Méfiance et manipulation sont les deux mamelles nourricières de sa méthode en politique. Il est l’illustration même du théorème d’Abraham Lincoln selon lequel on peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une fois mais jamais tout le monde tout le temps. Englué dans ses mensonges permanents sur la fiscalité, le chômage ou la dette, il est devenu le principal adversaire du système qu’il est censé diriger.
Son unique objectif, dans l’année qui vient, sera d’éviter des primaires à gauche qui tourneraient à sa confusion immédiate et donc de choisir le bon moment pour dissoudre. Le désordre qui en résulterait serait en effet seul à même de redistribuer les cartes et le sauver. Hollande sait qu’il n’empêchera pas une défaite cuisante du PS aux législatives. Il ambitionne simplement d’éviter que la nouvelle majorité soit assez forte et unie pour le contraindre à la démission. Pour cela, un seul espoir : qu’un nombre suffisant de députés du Front national rende l’Assemblée difficilement gouvernable et justifie un gouvernement d’union nationale dont il serait le tireur de ficelles. Ce ne serait en réalité qu’un pas supplémentaire vers la dislocation de la Cinquième république et l’ultime étape avant la victoire frontiste.
Le cas Sarkozy est tout aussi déroutant. Revenu trop tôt dans la course en sac, son objectif est de reprendre le plus vite possible le contrôle d’une situation judiciaire qui risque de l’empoisonner. Pour cela, rien de mieux que s’abriter derrière le statut de chef du deuxième parti d’opposition. Toute procédure pénale sera perçue comme une manoeuvre de déstabilisation. Malgré ses dénégations Sarkozy veut comme Hollande éviter des primaires «ouvertes» qui donneraient Juppé vainqueur puisque tel est le résultat du conditionnement des masses par les médias. Le gros inconvénient de ce système de désignation des candidats est décidément qu’il privilégie les plus centristes et les plus manoeuvriers, comme en 2011 à gauche. Ce n’est clairement pas le genre de beauté de Sarkozy.
Pour autant, l’ancien président n’a pas de projet précis autre que celui qui l’avait fait élire en 2007. Il en accuse les traits pour faire oublier qu’il ne l’avait que peu mis en oeuvre. On tape donc sur l’immigration mais pas trop. Et on évitera, tout comme le fait Hollande, les deux sujets qui fâchent vraiment et dont la solution conditionne pourtant le sauvetage de la France : la renégociation ferme avec Berlin du fonctionnement de l’Euroland et la réforme drastique d’un Etat providence victime d’une obésité morbide. Le problème est que ce qui n’est pas mûrement réfléchi et préparé, à défaut d’être claironné, est quasiment impossible à réaliser quand on vient au pouvoir dans un contexte de crise.
Le cas Juppé se présente comme le rêve d’un retour aux temps bénis du chiraquisme, de la droite dite sociale, celle qui réforme a minima pour ne faire de mal à personne. C’est aussi une resucée de la candidature de Hollande en 2012, l’espoir que les Français pourront une dernière fois passer entre les gouttes des pluies acides de la mondialisation.
Juppé est malin, il a compris qu’il devait en dire et faire le moins possible et laisser les médias et l’oligarchie travailler pour lui. Au bout du compte, les deux problèmes précédemment évoqués, l’européen et le domestique, ne sont pas davantage pensés et traités que par le chaotique cheminement sarkozien.
François Fillon a sans doute travaillé avec plus de courage et d’honnêteté la question posée à la France, sans toutefois prendre vraiment la mesure de l’audace qu’il faudra pour imposer un nouveau cours en Europe. Mais il n’y a pas de place pour un troisième homme dans la compétition à droite : la logique du scrutin et plus encore celle des journalistes préférant les solutions binaires. Ce désarroi l’aurait-il conduit à solliciter Jouyet et Hollande pour qu’ils activent les procédures judiciaires contre Sarkozy ? On ne pourra jamais ni le dire ni le démentir avec force probante. Ce qui est certain, c’est que le voilà enferré dans une polémique de bas étage, alors qu’il n’était déjà pas sur les marches les plus hautes du pré-podium.
Nous ne mentionnerons que pour mémoire l’univers insondable des centristes où le mégalomane clientéliste Lagarde s’imagine président alors que ses concurrents n’ambitionnent que de vendre au mieux leur force d’appoint.
Reste donc Marine Le Pen qui, comme disait l’autre, pose de bonnes questions en y apportant des réponses erronées. Elle est la seule à avancer qu’il faudrait peut-être sortir de l’euro et desserrer les contraintes de change et monétaires absurdes qui nous suffoquent. Mais, héritière inattendue de Georges Marchais, elle ne veut le faire que pour mieux, à coup de protections, défendre le soi-disant modèle social français et éviter les réformes difficiles.
Plus que jamais, l’offre politique est fragmentée en autant de propositions incohérentes qui rapetissent ceux qui les portent et font du combat pour le pouvoir un affrontement entre nains. C’est bien le propre des systèmes en fin de vie : à une menace globale ils n’apportent que des réponses partielles, des illusions consolatoires et des méthodes désordonnées.
Le cas «Hollande» est définitivement jugé. Méfiance et manipulation sont les deux mamelles nourricières de sa méthode en politique. Il est l’illustration même du théorème d’Abraham Lincoln selon lequel on peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une fois mais jamais tout le monde tout le temps. Englué dans ses mensonges permanents sur la fiscalité, le chômage ou la dette, il est devenu le principal adversaire du système qu’il est censé diriger.
Son unique objectif, dans l’année qui vient, sera d’éviter des primaires à gauche qui tourneraient à sa confusion immédiate et donc de choisir le bon moment pour dissoudre. Le désordre qui en résulterait serait en effet seul à même de redistribuer les cartes et le sauver. Hollande sait qu’il n’empêchera pas une défaite cuisante du PS aux législatives. Il ambitionne simplement d’éviter que la nouvelle majorité soit assez forte et unie pour le contraindre à la démission. Pour cela, un seul espoir : qu’un nombre suffisant de députés du Front national rende l’Assemblée difficilement gouvernable et justifie un gouvernement d’union nationale dont il serait le tireur de ficelles. Ce ne serait en réalité qu’un pas supplémentaire vers la dislocation de la Cinquième république et l’ultime étape avant la victoire frontiste.
Le cas Sarkozy est tout aussi déroutant. Revenu trop tôt dans la course en sac, son objectif est de reprendre le plus vite possible le contrôle d’une situation judiciaire qui risque de l’empoisonner. Pour cela, rien de mieux que s’abriter derrière le statut de chef du deuxième parti d’opposition. Toute procédure pénale sera perçue comme une manoeuvre de déstabilisation. Malgré ses dénégations Sarkozy veut comme Hollande éviter des primaires «ouvertes» qui donneraient Juppé vainqueur puisque tel est le résultat du conditionnement des masses par les médias. Le gros inconvénient de ce système de désignation des candidats est décidément qu’il privilégie les plus centristes et les plus manoeuvriers, comme en 2011 à gauche. Ce n’est clairement pas le genre de beauté de Sarkozy.
Pour autant, l’ancien président n’a pas de projet précis autre que celui qui l’avait fait élire en 2007. Il en accuse les traits pour faire oublier qu’il ne l’avait que peu mis en oeuvre. On tape donc sur l’immigration mais pas trop. Et on évitera, tout comme le fait Hollande, les deux sujets qui fâchent vraiment et dont la solution conditionne pourtant le sauvetage de la France : la renégociation ferme avec Berlin du fonctionnement de l’Euroland et la réforme drastique d’un Etat providence victime d’une obésité morbide. Le problème est que ce qui n’est pas mûrement réfléchi et préparé, à défaut d’être claironné, est quasiment impossible à réaliser quand on vient au pouvoir dans un contexte de crise.
Le cas Juppé se présente comme le rêve d’un retour aux temps bénis du chiraquisme, de la droite dite sociale, celle qui réforme a minima pour ne faire de mal à personne. C’est aussi une resucée de la candidature de Hollande en 2012, l’espoir que les Français pourront une dernière fois passer entre les gouttes des pluies acides de la mondialisation.
Juppé est malin, il a compris qu’il devait en dire et faire le moins possible et laisser les médias et l’oligarchie travailler pour lui. Au bout du compte, les deux problèmes précédemment évoqués, l’européen et le domestique, ne sont pas davantage pensés et traités que par le chaotique cheminement sarkozien.
François Fillon a sans doute travaillé avec plus de courage et d’honnêteté la question posée à la France, sans toutefois prendre vraiment la mesure de l’audace qu’il faudra pour imposer un nouveau cours en Europe. Mais il n’y a pas de place pour un troisième homme dans la compétition à droite : la logique du scrutin et plus encore celle des journalistes préférant les solutions binaires. Ce désarroi l’aurait-il conduit à solliciter Jouyet et Hollande pour qu’ils activent les procédures judiciaires contre Sarkozy ? On ne pourra jamais ni le dire ni le démentir avec force probante. Ce qui est certain, c’est que le voilà enferré dans une polémique de bas étage, alors qu’il n’était déjà pas sur les marches les plus hautes du pré-podium.
Nous ne mentionnerons que pour mémoire l’univers insondable des centristes où le mégalomane clientéliste Lagarde s’imagine président alors que ses concurrents n’ambitionnent que de vendre au mieux leur force d’appoint.
Reste donc Marine Le Pen qui, comme disait l’autre, pose de bonnes questions en y apportant des réponses erronées. Elle est la seule à avancer qu’il faudrait peut-être sortir de l’euro et desserrer les contraintes de change et monétaires absurdes qui nous suffoquent. Mais, héritière inattendue de Georges Marchais, elle ne veut le faire que pour mieux, à coup de protections, défendre le soi-disant modèle social français et éviter les réformes difficiles.
Plus que jamais, l’offre politique est fragmentée en autant de propositions incohérentes qui rapetissent ceux qui les portent et font du combat pour le pouvoir un affrontement entre nains. C’est bien le propre des systèmes en fin de vie : à une menace globale ils n’apportent que des réponses partielles, des illusions consolatoires et des méthodes désordonnées.