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Rosa, rosa, rosa ...


Des roses nouvelles ont poussé sur Atlantico !



Rosa, rosa, rosa ...
1 - Leur ex-ami Bernard Arnault

Quand le pouvoir politique dénonce les riches, c’est pour mieux asservir les pauvres. Depuis l’antiquité la règle n’a pas changé et l’hallali contre Bernard Arnault en est le signe annonciateur.

Pourtant, en février 2011, avant que la normalité ne s’empare de la République, l’Assemblée Nationale et le Sénat, dans un magnifique élan et une quasi-unanimité, avaient voté un cavalier législatif qui validait le permis de construire de la Fondation LVMH dans le bois de Boulogne, projet cher à Arnault, alors que le Tribunal administratif l’avait annulé. Même les communistes avaient participé à ce scandale juridique !

Car Bernard Arnault est un homme avisé. Il a toujours su s’entourer de collaborateurs venant de tous les horizons politiques et doit le début de sa fortune à la bienveillance de Laurent Fabius qui lui avait permis de reprendre et liquider Boussac dans les meilleures conditions en 1985. Mais aujourd’hui, il faut trouver des dérivatifs aux impatiences du peuple et agiter la potion de l’imposition à 75 % pour faire avaler la pilule des taxes qui vont s’abattre sur tout un chacun. S’agissant d’ailleurs de boisson, de tous ces impôts, celui qui va augmenter le prix du demi dans les bistros sera le plus détesté. C’est ce qu’on appelle mettre sa popularité en bière …

Toujours est-il que le pauvre Arnault, façon de parler, est devenu maladroitement le bouc-émissaire commode des angoisses de la gauche. Quand bien même il ne le souhaitait pas, il lui rappelle que les vrais riches peuvent plus facilement quitter un navire mal barré que les autres. « Ce n’est pas bien », s’est plus ou moins contenté de grommeler le président.

Le plus savoureux restera la couverture de « Libération », qui tente sans cesse de faire oublier son péché d’appartenir à un Rothschild : « Casse-toi riche con ! ». On sent bien le débat au sein de la rédaction : la perte de quelques pages de publicité pour des produits de luxe contre le buzz et la satisfaction d’un lectorat de bobos, demi-intellectuels souvent précarisés mais rassurés par la conviction de penser dans le sens de l’Histoire. Décidément, la régression politique file bon train en France depuis quatre mois et la boîte de Pandore de la haine sociale s’ouvre lentement.


2 - Outrage monetary transaction

Coup de baguette magique du signore Draghi sur le chapeau de la crise européenne ; en sort un lapin au nom rébarbatif : «Outright Monetary Transaction». Par-delà l’esbroufe habituelle en ce domaine, en quoi cette arrivée depuis longtemps claironnée de la cavalerie de la BCE pour sauver l’euro, les états impécunieux et les marchés désorientés consiste-t-elle vraiment ?

Alors que la Banque centrale avait déjà racheté en mai 2010, sous le vocable de SMP, pour 209 milliards d'euros de dette publique, elle change de méthode et annonce son intention d’acquérir des titres de court terme, sans donner de montant et donc potentiellement de manière «illimitée», à la condition que les trésors publics émetteurs aient obtenu préalablement l’aide du FESF/MES, c’est à dire de leurs pairs. Elle renoncera à un statut de créancier privilégié mais neutralisera son intervention en retirant du marché l’équivalent en liquidités des montants d’obligations qu’elle aura achetés.

Cette annonce a ravi une majorité de chroniqueurs et de traders qui ne demandent qu’à croire au messie financier. Pourtant, elle amène peu de neuf sous le soleil de Francfort. Acheter des titres de court terme plutôt que de moyen ou long terme n’est pas un soulagement particulier pour les Etats ; rien n’obligeait la BCE à exercer un privilège de créancier quand bien même elle l’aurait eu et, de toutes les façons, en cas de banqueroute d’un Etat ledit privilège ne vaut plus grand chose ; les conditions posées par le MES/FESF sont encore floues et peuvent évoluer du sévère au laxiste ; la neutralisation de monnaie en circulation peut faire remonter les taux d’intérêt à court terme et finalement contrarier le refinancement des débiteurs.

En réalité, ce qui a tant plu aux opérateurs c’est qu’en décrétant le caractère potentiellement illimité de ses achats, la BCE a affirmé sa volonté de s’attribuer un pouvoir discrétionnaire qui place les « spéculateurs » dans l’incertitude. Elle ne fixera plus et n’énoncera même pas de montant à ses interventions. Finalement, les marchés applaudissent à l’annonce de l’arbitraire, se réjouissent d’être placés dans le doute par leur nouveau maître.

Mais les grenouilles de la finance n’ont-elles pas acclamé un roi qui va les dévorer ? Car l’on retrouve ici ce qui est gênant dans toute manipulation par un pouvoir politique (la BCE en est devenu un) de la quantité et de la valeur des monnaies : elle engage un processus autoritaire au détriment de l’épargne des agents économiques puis de leur liberté, au bénéfice cette fois des technocrates de l’Union européenne. Le sel de la situation est que la prétendue gauche est aux premières loges pour appeler de ses voeux cette forme d’usurpation politique.

Que l’arrivée au Palazzo Chigi d’un pur produit de cette soi-disant élite non élue, comme Monti, ait tant réjoui les «progressistes» italiens laissait déjà songeur. La logique rampante de la dépossession du peuple européen de son droit à disposer de lui-même (conséquence il est vrai de son goût pour la dette) continue à progresser sourdement sans que rien n’ait été fait pour s’assurer que la BCE lutte contre la surévaluation persistante de l’euro face au dollar ou au yuan. Les vices de construction qui affectent l’Euroland vont persister à saper sa monnaie par la faiblesse de l’activité économique.

En France, qu’en a déduit notre normalissime président ? «La Banque Centrale a agi dans le cadre de son mandat». Bon sang mais c’est bien sûr ! Puisque, depuis son élection, notre chef fait brûler des cierges pour que la BCE, invoquant Sainte monétisation, le soulage d’un peu des choix qu’il a à faire, il ne pouvait qu’être satisfait.

Pourtant, la France est assurée de n’avoir rien gagné dans toute cette opération. Pour l’heure, les Allemands, Bundesbank en tête, n’ont fait que théâtraliser leur opposition. Mais il est certain qu’ils ne prendront pas le risque de laisser la BCE, au bilan déjà fort dégradé, acheter plus de 200 ou 300 milliards d’euros d’obligations supplémentaires, montant que les besoins de la Grèce, de l’Espagne, du Portugal et de l’Italie atteindront vite même en cas d’intervention du FESF.

Après cela, il n’y aura rien pour la France, si ce n’est le risque que les obligations émises par les autres Etats finissent par converger un peu plus vers les taux servis par les pays du Sud. Quant aux programmes d’austérité adoptés dans le cadre de la règle d’or, il sera difficile pour les Français de s’y soustraire si Espagnols et Italiens s’y engagent, avec l’aide, en ce qui les concerne et c’est toute la différence, des opérations de rachat de la BCE et des aides du FESF. Une expression à la mode parle de gagnant-gagnant. La France va pouvoir s’habituer au perdant-perdant.


3 - Dites 33 milliards

Après une intervention devant la Cour des comptes particulièrement floue, où le président normal mais de combat n’avait encore qu’une posture d’auditeur, comme aux débuts de sa carrière administrative, TF1 a eu enfin droit à des chiffres. Hélas, ils sont à peine plus précis.

« Comment trouver 33 milliards ? 10 milliards le seront sur des postes budgétaires sauf dans l'éducation, la sécurité et la justice.10 milliards seront trouvés chez les grandes entreprises. Nous leur raboterons des niches fiscales. Les PME resteront quant à elles protégées. Et les 10 milliards restants viendront de la participation des ménages. Je le fais par conviction.» Chacun appréciera que 3 milliards manquent à l’appel mais qu’est-ce que cette maigre somme dans l’esprit d’un tel visionnaire ? Trente milliards en trois parts égales, c’est un chiffre rond, cela se prête bien à la communication.

A quoi bon aussi se soucier d’une croissance en panne, qui rend la prévision même de 0,8 % d’augmentation du PIB optimiste et obligera à trouver 40 milliards au bas mot ? Et pourquoi se préoccuper des effets destructeurs de richesse de hausses de la pression fiscale ayant pour conséquence de réduire la base imposable des contribuables, particuliers comme entreprises ? Et de l’imprécision totale sur les économies qui seront faites dans les ministères considérés comme non-prioritaires, où les fonctionnaires n’ont certes pas dit leur dernier mot pour les entraver ? On en saura davantage à la fin de l’année, à moins que ce soit en 2013, qui peut le dire ?

Ce qui est d’ores et déjà certain, c’est le massacre des épargnants. Considérant que les revenus des placements financiers seront intégrés à l’IR, que les taux de ce dernier augmentent, que son barème ne tient plus compte de l’inflation et qu’une hausse de la CSG suivra, les investissements en actions ou en obligations vont se voir étrillés. Prenons l’exemple d’un ménage actuellement imposable à 30 %, taux applicable dès que le revenu mensuel dépasse 2201 euros par part. Si vous ajoutez les 11 % de CSG (bientôt davantage) à cette taxation, on vogue gentiment vers la moitié du fruit de l’épargne confisqué par l’Etat. Sachant que, pour ce qui est des actions, elles présentent un risque de moins-value que, bien évidemment, l’Etat ne prend pas en charge, qui voudra encore investir en capital dans les entreprises ? Les classes moyennes déserteront le financement de l’économie.

Rendez-vous dans deux ans pour apprécier les résultats de cette brillante politique, c’est le temps que réclame notre président en pleine accélération. Deux ans … est-ce le terme qu’il fixe à son mandat en cas d’échec ?


4 - N°1 au Hit-Parade des réformes néfastes

De toutes les politiques douteuses, critiquables ou franchement nocives que le gouvernement sérieux et modeste conduit, une se distingue par ses effets délétères à moyen et long termes : celle du logement. Alors que la France manque de constructions neuves, Duflot n’engage que des mesures ayant pour effet de tarir l’offre privée : suppression du dispositif Scellier, encadrement des loyers par exemple. La fiscalité immobilière va quant à elle suivre le mouvement général de hausse des impôts et dissuader les investisseurs privés.

Ce n’est pas grave pour nos Socioverdistes puisqu’ils espèrent doper la construction de HLM en pénalisant durement les vilaines communes qui ne respecteront pas un quota féroce de 25 % de logements dits sociaux et en bradant des terrains aux maires désireux d’en construire. Il serait intéressant de chiffrer la perte d’actif que ces ventes à vil prix sont susceptibles d’infliger à un Etat aux finances exsangues. On parle sans cesse de budget de l’Etat et donc de son compte d’exploitation, il faudrait aussi établir son bilan et la mesure «duflotienne» ne peut que le dégrader. 50 ans de politique du logement social en France ont abouti à des gaspillages colossaux et à la formation de ghettos, à l’exception notables des immeubles situés en centres-villes où sont logés des chanceux ou des pistonnés.

Car le vrai danger est que cette politique absurde, au contraire de la plupart des autres mesures gouvernementales qui seront tôt ou tard abrogées, risque de produire des effets durables. Le clientélisme des maires va s’en repaître et les municipalités de gauche vont tenter de compenser grâce à elle les voix que l’impopularité de la politique «hollandaise» risque de leur coûter. Il faudra décidément pas mal de résilience à la France pour supporter la nocivité de ses dirigeants.

Le seul correctif amusant est de voir comment Bercy, pour limiter la casse, se propose de fourguer aux maires les terrains les moins engageants, après avoir donné au gouvernement une liste de parcelles fantaisiste.. A Paris, les espaces proposés sont tous ou presque situés près du Périphérique, dans des arrondissements déjà verrouillés par les Delanoistes. Encore un arbitrage délicat pour M. Ayrault. Vous l’avez compris, c’est moins le Premier ministre qui est sérieux que la situation.






Lundi 17 Septembre 2012
Serge Federbusch





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