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The murderer




Na-Hong-Jin nous propose un brillant exercice de style, synthèse virtuose du polar hong-kongais et du film gore sur fond de description sociale assez convaincante des misères d'un peuple ni tout à fait chinois ni tout à fait coréen : les Joseonjoks.

Ce festival d'hémoglobine nous fait visiter des lieux où les matins ne sont pas calmes et où domine l'empire du Milieu, pas celui du Fils du ciel mais celui du crime organisé.



The murderer
Les Joseonjoks forment une minorité de parias au sort peu enviable : population de culture et de langue coréennes, coincée entre la Chine, où ils sont nés, la Russie et la Corée du Nord (un enfer sur terre dont le monde entier s'accommode hélas) où il n'ont évidemment aucune envie de se rendre. Ils rêvent donc tous, fort logiquement, d'émigrer en Corée du sud où leur niveau de vie, quelle que soit la dureté de leur quotidien, est infiniment plus élevé que dans leur pays de naissance. Mais les Coréens du Sud n'entendent pas ouvrir leurs frontières à ces 800 000 cousins lointains dont ils ne sauraient que faire. L'immigration clandestine est donc la règle avec son cortège d'humiliations, de misères et de vicissitudes.

Gun-ma, le héros involontaire du film, chauffeur de taxi qui se croit trahi par sa femme, va emprunter, pour honorer un "contrat" censé lui donner enfin l'argent dont il a besoin, le chemin de cette émigration illégale. Puis il va tenter de s'acquitter de sa mission criminelle à Séoul, broyé dans un engrenage de plus en plus violent, où le sang coule à flots. Les limites du vraisemblable sont à plusieurs reprises allègrement franchies par ce trompe-la-mort que rien ne semble pouvoir abattre. Mais le propre d'une bonne oeuvre de fiction est justement qu'elle parvient à captiver sans être crédible, tout simplement parce que le spectateur a envie d'y croire. Qu'importe la vraisemblance, pourvu qu'on ait la jouissance ?

Le réalisateur excelle, pour nous prendre à son jeu, à accélérer brutalement le film, à placer son homme traqué dans des situations où l'on est persuadé que rien ne pourra le sauver et à lui permettre malgré tout de s'en sortir. Nonobstant un bref passage à vide aux trois-quarts du film, on est constamment surpris par la qualité chorégraphique et scénographique des courses-poursuites ou des batailles rangées. Finalement, c'est par ignorance de l'ultime vérité sur le sort de sa femme que notre héros périra, se sacrifiant inutilement mais ayant résisté auparavant à tous les assauts de la meute hurlante de tueurs - flics ou truands - lancée à ses trousses.

Bref, un film intéressant, souvent haletant, jouissif et en même temps instructif sur les réalités d'un Far East brut de décoffrage où le monde d'aujourd'hui se bâtit loin de notre doux déclin.

La bonne surprise cinématographique du début de l'été, par Confucius !






Lundi 25 Juillet 2011
Serge Federbusch





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