ARITHMETIQUE POUR LES NULS
César expliquait à son fils Marius la recette d’un cocktail : un tout petit tiers de curaçao, un tiers de citron, un bon tiers de Picon et un grand tiers d’eau.
"- Et ça fait quatre tiers, dans un verre il n’y a que trois tiers.
- Imbécile, ça dépend de la taille des tiers !"
C’est cette arithmétique là que doit suivre notre gouvernement. Comme il ne sait pas additionner les factures mais qu'il est très fort pour soustraire de l’argent aux Français, il est tout aussi nul en multiplications, mais sait très bien diviser pour régner.
Comme l’arithmétique c’est compliqué, Normal 1er nous a promis un choc de simplification.
C’est ainsi qu’il s'est penché sur l’épineux problème des emplois à temps partiel qui concernait en 2011 environ 4,2 millions de personnes.
C’est vrai, c’était urgent. Quand on a 6 millions de chômeurs plus les RSA, limiter le temps partiel ça va créer des emplois à plein temps. Dans le même petit esprit la mère Aubry nous a imposé les 35 heures en considérant que si l’on abaissait de 5 heures par semaine le temps de travail, chaque entreprise pourrait libérer un poste sur 7, on aurait donc créé 14% d’emplois supplémentaires. Tout ce qu’elle a gagné ce sont des délocalisations, la pauvrette. Parce que ça ne marche pas comme ça, le travail ne se partage pas. Ou alors il faut partager le salaire, et là ça coince, surtout quand au départ il n’est pas bien lourd.
Le temps partiel moyen en France est de 22,6 heures, ce qui est un chiffre élevé, probablement du fait que beaucoup de mères de famille ne travaillent pas le mercredi (donc travaillent 28 heures, ce qui fait grimper la moyenne).
Le résultat des cogitations de nos apprentis réformateurs est magnifique. Dorénavant il y aura, comme pour l’eau et le curaçao, le petit mi-temps de 16 heures et le grand mi-temps de 24 heures. Mais attention, vous ne faites pas comme vous voulez, hein, faut pas pousser. Ça dépendra de votre job et des conventions collectives qui vont avec. Comme la moitié de 35 ça fait 17,5, si vous voulez cumuler deux jobs pour faire un temps plein, il faudra demander la permission de travailler moins de 24 heures par écrit à votre employeur et la motiver. Et si vous faites une seule heure supplémentaire, ce sera plus 10%. Youpi ! Quant au patron il n’aura pas le droit de refuser aux salariés en poste à temps partiel de passer à 24 heures, ou alors il faudra qu’il le justifie avec tous les risques d’ennuis divers et variés qui l’attendent au tournant. Autrement dit, s’il vous payait 10 heures parce qu’il avait besoin de 10 heures, il faudra qu’il multiplie votre salaire et vos charges par 2,4 pour vous regarder vous tourner les pouces pendant 14 heures. HEU-REUX ! Ça c’est du choc de compétitivité.
Bon, seulement il y a des étudiants qui ont des jobs d’appoint et pas le temps de faire plus, des aide-ménagères et baby-sitters chez les particuliers, qui travaillent à temps très partiel. Ouf, dérogation ! Ah j’oubliais la cerise sur le gâteau : l’ouverture de négociations avec les « partenaires » sociaux dans les branches les plus concernées par le temps partiel, histoire de s’apercevoir après beaucoup de palabres inutiles que rien ne peut changer mais qu’il faudra quand même donner un petit quelque chose aux syndicats.
Quand on aura fait le tour des cas particuliers, on s’apercevra que cette nouvelle usine à gaz est aussi ingérable que tout ce que nos cornichons gouvernementaux ont fait jusque là, et qu’au lieu d’encourager le temps plein, ça va transformer des chômeurs partiels en chômeurs complets.
Mais il serait intéressant de savoir si l’état et les collectivités locales, premiers pourvoyeurs de temps partiels, vont s’appliquer ces lois à eux-mêmes, et si oui, combien cette nouvelle lubie va coûter au con-tribuable.
Vive l’arithmétique, quand on ne la confond pas avec l’économie !
César expliquait à son fils Marius la recette d’un cocktail : un tout petit tiers de curaçao, un tiers de citron, un bon tiers de Picon et un grand tiers d’eau.
"- Et ça fait quatre tiers, dans un verre il n’y a que trois tiers.
- Imbécile, ça dépend de la taille des tiers !"
C’est cette arithmétique là que doit suivre notre gouvernement. Comme il ne sait pas additionner les factures mais qu'il est très fort pour soustraire de l’argent aux Français, il est tout aussi nul en multiplications, mais sait très bien diviser pour régner.
Comme l’arithmétique c’est compliqué, Normal 1er nous a promis un choc de simplification.
C’est ainsi qu’il s'est penché sur l’épineux problème des emplois à temps partiel qui concernait en 2011 environ 4,2 millions de personnes.
C’est vrai, c’était urgent. Quand on a 6 millions de chômeurs plus les RSA, limiter le temps partiel ça va créer des emplois à plein temps. Dans le même petit esprit la mère Aubry nous a imposé les 35 heures en considérant que si l’on abaissait de 5 heures par semaine le temps de travail, chaque entreprise pourrait libérer un poste sur 7, on aurait donc créé 14% d’emplois supplémentaires. Tout ce qu’elle a gagné ce sont des délocalisations, la pauvrette. Parce que ça ne marche pas comme ça, le travail ne se partage pas. Ou alors il faut partager le salaire, et là ça coince, surtout quand au départ il n’est pas bien lourd.
Le temps partiel moyen en France est de 22,6 heures, ce qui est un chiffre élevé, probablement du fait que beaucoup de mères de famille ne travaillent pas le mercredi (donc travaillent 28 heures, ce qui fait grimper la moyenne).
Le résultat des cogitations de nos apprentis réformateurs est magnifique. Dorénavant il y aura, comme pour l’eau et le curaçao, le petit mi-temps de 16 heures et le grand mi-temps de 24 heures. Mais attention, vous ne faites pas comme vous voulez, hein, faut pas pousser. Ça dépendra de votre job et des conventions collectives qui vont avec. Comme la moitié de 35 ça fait 17,5, si vous voulez cumuler deux jobs pour faire un temps plein, il faudra demander la permission de travailler moins de 24 heures par écrit à votre employeur et la motiver. Et si vous faites une seule heure supplémentaire, ce sera plus 10%. Youpi ! Quant au patron il n’aura pas le droit de refuser aux salariés en poste à temps partiel de passer à 24 heures, ou alors il faudra qu’il le justifie avec tous les risques d’ennuis divers et variés qui l’attendent au tournant. Autrement dit, s’il vous payait 10 heures parce qu’il avait besoin de 10 heures, il faudra qu’il multiplie votre salaire et vos charges par 2,4 pour vous regarder vous tourner les pouces pendant 14 heures. HEU-REUX ! Ça c’est du choc de compétitivité.
Bon, seulement il y a des étudiants qui ont des jobs d’appoint et pas le temps de faire plus, des aide-ménagères et baby-sitters chez les particuliers, qui travaillent à temps très partiel. Ouf, dérogation ! Ah j’oubliais la cerise sur le gâteau : l’ouverture de négociations avec les « partenaires » sociaux dans les branches les plus concernées par le temps partiel, histoire de s’apercevoir après beaucoup de palabres inutiles que rien ne peut changer mais qu’il faudra quand même donner un petit quelque chose aux syndicats.
Quand on aura fait le tour des cas particuliers, on s’apercevra que cette nouvelle usine à gaz est aussi ingérable que tout ce que nos cornichons gouvernementaux ont fait jusque là, et qu’au lieu d’encourager le temps plein, ça va transformer des chômeurs partiels en chômeurs complets.
Mais il serait intéressant de savoir si l’état et les collectivités locales, premiers pourvoyeurs de temps partiels, vont s’appliquer ces lois à eux-mêmes, et si oui, combien cette nouvelle lubie va coûter au con-tribuable.
Vive l’arithmétique, quand on ne la confond pas avec l’économie !