Planque moi, je suis hors jeu !
1 - L'Agence Valls
Quel merveilleux exercice de justification de l'injustifiable par le pouvoir et ses relais !
Résumons-nous. L’usage privé d’un moyen de transport officiel assimilable à un abus de confiance ou de bien social s’il s’agissait d’une entreprise du secteur concurrentiel ; un mensonge éhonté sur l’objectif diplomatique de cette virée ; une allégeance footbalistique à un club étranger, véritable crime de lèse maillot tricolore ; un président qui bafouille les mêmes prétextes pour tenter de rattraper son premier ministre par le maillot alors qu’il glisse.
Puis une justification hilarante pour expliquer que la progéniture était du voyage : cela ne coûtait pas plus cher puisqu’il restait des places dans l’avion ! A ce compte là, tous les passagers des trains, bateaux et avions de France et de Navarre qui prennent un billet au dernier moment devraient pouvoir voyager gratuitement eux aussi ... Pour faire bonne mesure, une provocation de Sapin : ce voyage est profitable à l’emploi en France. Près de six millions de compatriotes et assimilés attendront désormais avec anxiété les résultats de première division. On pourra enfin fusionner les bistrots et les agences de Pôle Emploi.
Enfin, l'apothéose, Bartolone, qui a un sens aigu de la famille et l'a prouvé en embauchant son épouse, Véronique, à l'Assemblée nationale, a trouvé l'explication et les circonstances atténuantes : "Moi, je veux les Jeux olympiques à Paris et dans la région Ile-de-France ... sur ces grands événements, il y a toujours un membre du CIO qui traîne, et plus on démontrera l'appétence des Français, l'envie d'accueillir les Jeux olympiques, mieux ce sera. Manuel Valls devait y aller, c'était son devoir. Il a deux places libres dans son avion, j'imagine qu'il ne doit pas voir ses enfants tous les jours. Qu'il ait eu cette tentation, franchement... je comprends parfaitement que dans une période de crise on en parle beaucoup, mais je comprends aussi ce qu'a pu être l'attitude d'un père Premier ministre".
Comme disait la chanson : "Ce sont des affaires de famille, ça regarde pas le populo". La gauche cynique n'en finit plus de donner sans honte des leçons aux sans dents et aux chômeurs.
Michèle Alliot-Marie, ministre des affaires étrangères de Fillon, avait dû démissionner parce qu’elle avait voyagé sur un avion prêté par un homme d’affaires tunisien au moment de la révolution de janvier 2011 ; Valls, lui, nous explique qu’il doit s’intéresser au sport business européen de près, qu'il a besoin de se distraire et qu’il lui faut pour cela un Falcone 2000 de l’Etat. Dans le premier cas pourtant, il ne s’agissait pas de deniers publics gaspillés.
Au même moment, et c'est au fond beaucoup plus grave, Valls autorise la mutilation des serres d’Auteuil pour complaire à la Fédération française de tennis qui préfère garder intact son magot plutôt que de couvrir un morceau d’autoroute pour étendre ses stades. Cette complaisance quand on se pavane à Roland-Garros flirte avec le conflit d'intérêts.
Le même Premier ministre multiplie les allers-retours entre les gradins et le congrès socialiste, préférant les tribunes tennistiques aux tribunes politiques. Hidalgo, maire de Paris, après avoir détruit à grands frais le magnifique stade Art Déco de Jean Bouin, signe les permis scélérats d’Auteuil. Tout ce petit monde fricote avec les Qataris au Parc des Princes où il rencontre les leaders de la «droite». Ce n'est même plus l'Etat spectacle, c'est l'Etat supporteur.
Dans un pays véritablement démocratique, cela fait beau temps que Valls aurait dû présenter sa démission, pour son comportement et ses grotesques mensonges. Mais Hollande le soutiendra car il ne peut plus se permettre de l’exfiltrer : le mal le contaminerait vite. Après Cahuzac et Thévenoud, la «République exemplaire» devient un sujet de chansonnier.
Et, pendant ce temps, que fait la droite ? Mis à part un ou deux twitts et un vague projet de question au Parlement c’est le silence radio. Elle aime trop le sport sans doute ? Dans le vide et l'impuissance qui caractérisent désormais l'action publique, la com', les matchs et les tribunes deviennent les apanages essentiels du personnel politique.
2 - Antigone endettée à mort
Dans un monde où Américains, Français, Chinois, Italiens et Espagnols, etc. en gros tous ceux qui le peuvent, utilisent le pouvoir de battre monnaie pour financer leurs déficits publics, on peut difficilement en vouloir à Tsipras de réclamer le même traitement. La seule différence est que sa dette est telle qu'il ne pourra jamais la rembourser autrement que symboliquement. Il a donc mis ses bailleurs au pied du mur : ou vous vous payez vous même en monnaie de singe, par des subterfuges comptables, ou vous prenez le risque de faire exploser votre beau système. Finalement ça a du bon un trotskiste pour discuter avec des banquiers. Ceux qui pérorent en expliquant que le Grexit serait sans conséquence sur l'Union ne doivent pas être aussi sûrs d'eux que cela puisqu'ils continuent de maintenir le fil de la négociation et multiplient les annonces de concessions.
Tiens bon Tsipras ! Dans ce monde de mensonge et de comédie on ne voit pas pourquoi tu serais seul à mourir pour l'honneur. Il ne faudrait pas qu'Antigone soit rejouée sur fond de dettes.
Quant à Obama, qui incite les Européens à s'entendre car il craint que l'explosion de l'euro ne propulse le dollar vers des sommets et ne tue la fragile reprise américaine, il nous démontre que générosité et cynisme sont frères jumeaux. Le système monétaire international se mue jour après jour en une immense pyramide de Ponzi, un château de cartes. Et les Grecs sont priés de ne pas éternuer trop fort à côté.
3 - Roubaix, c'est encore la France ?
Quatre nuits d'émeutes traitées avec beaucoup de discrétion par les médias : tout a été fait pour que les problèmes d'immigration et de banlieues ne gâchent pas le printemps des téléspectateurs de Roland-Garros et l'humeur des bobos. Et puis il y a la candidature aux jeux olympiques. Désormais la France ne donnera au monde que des nouvelles po-si-ti-ves.
4 - EDF absorbe Areva avant de faire faillite
La société américaine Tesla va commercialiser dans un futur assez proche des batteries économiques et design qui alimenteront immeubles et appartements et éviteront de passer par le réseau électrique public sauf pour les recharger aux heures creuses. Les maisons équipées de panneaux solaires pourront quant à elles se dispenser purement et simplement d'EDF. Va-t-on préparer le futur grand sinistre industriel français avec un peu d'anticipation pour une fois ?
Quel merveilleux exercice de justification de l'injustifiable par le pouvoir et ses relais !
Résumons-nous. L’usage privé d’un moyen de transport officiel assimilable à un abus de confiance ou de bien social s’il s’agissait d’une entreprise du secteur concurrentiel ; un mensonge éhonté sur l’objectif diplomatique de cette virée ; une allégeance footbalistique à un club étranger, véritable crime de lèse maillot tricolore ; un président qui bafouille les mêmes prétextes pour tenter de rattraper son premier ministre par le maillot alors qu’il glisse.
Puis une justification hilarante pour expliquer que la progéniture était du voyage : cela ne coûtait pas plus cher puisqu’il restait des places dans l’avion ! A ce compte là, tous les passagers des trains, bateaux et avions de France et de Navarre qui prennent un billet au dernier moment devraient pouvoir voyager gratuitement eux aussi ... Pour faire bonne mesure, une provocation de Sapin : ce voyage est profitable à l’emploi en France. Près de six millions de compatriotes et assimilés attendront désormais avec anxiété les résultats de première division. On pourra enfin fusionner les bistrots et les agences de Pôle Emploi.
Enfin, l'apothéose, Bartolone, qui a un sens aigu de la famille et l'a prouvé en embauchant son épouse, Véronique, à l'Assemblée nationale, a trouvé l'explication et les circonstances atténuantes : "Moi, je veux les Jeux olympiques à Paris et dans la région Ile-de-France ... sur ces grands événements, il y a toujours un membre du CIO qui traîne, et plus on démontrera l'appétence des Français, l'envie d'accueillir les Jeux olympiques, mieux ce sera. Manuel Valls devait y aller, c'était son devoir. Il a deux places libres dans son avion, j'imagine qu'il ne doit pas voir ses enfants tous les jours. Qu'il ait eu cette tentation, franchement... je comprends parfaitement que dans une période de crise on en parle beaucoup, mais je comprends aussi ce qu'a pu être l'attitude d'un père Premier ministre".
Comme disait la chanson : "Ce sont des affaires de famille, ça regarde pas le populo". La gauche cynique n'en finit plus de donner sans honte des leçons aux sans dents et aux chômeurs.
Michèle Alliot-Marie, ministre des affaires étrangères de Fillon, avait dû démissionner parce qu’elle avait voyagé sur un avion prêté par un homme d’affaires tunisien au moment de la révolution de janvier 2011 ; Valls, lui, nous explique qu’il doit s’intéresser au sport business européen de près, qu'il a besoin de se distraire et qu’il lui faut pour cela un Falcone 2000 de l’Etat. Dans le premier cas pourtant, il ne s’agissait pas de deniers publics gaspillés.
Au même moment, et c'est au fond beaucoup plus grave, Valls autorise la mutilation des serres d’Auteuil pour complaire à la Fédération française de tennis qui préfère garder intact son magot plutôt que de couvrir un morceau d’autoroute pour étendre ses stades. Cette complaisance quand on se pavane à Roland-Garros flirte avec le conflit d'intérêts.
Le même Premier ministre multiplie les allers-retours entre les gradins et le congrès socialiste, préférant les tribunes tennistiques aux tribunes politiques. Hidalgo, maire de Paris, après avoir détruit à grands frais le magnifique stade Art Déco de Jean Bouin, signe les permis scélérats d’Auteuil. Tout ce petit monde fricote avec les Qataris au Parc des Princes où il rencontre les leaders de la «droite». Ce n'est même plus l'Etat spectacle, c'est l'Etat supporteur.
Dans un pays véritablement démocratique, cela fait beau temps que Valls aurait dû présenter sa démission, pour son comportement et ses grotesques mensonges. Mais Hollande le soutiendra car il ne peut plus se permettre de l’exfiltrer : le mal le contaminerait vite. Après Cahuzac et Thévenoud, la «République exemplaire» devient un sujet de chansonnier.
Et, pendant ce temps, que fait la droite ? Mis à part un ou deux twitts et un vague projet de question au Parlement c’est le silence radio. Elle aime trop le sport sans doute ? Dans le vide et l'impuissance qui caractérisent désormais l'action publique, la com', les matchs et les tribunes deviennent les apanages essentiels du personnel politique.
2 - Antigone endettée à mort
Dans un monde où Américains, Français, Chinois, Italiens et Espagnols, etc. en gros tous ceux qui le peuvent, utilisent le pouvoir de battre monnaie pour financer leurs déficits publics, on peut difficilement en vouloir à Tsipras de réclamer le même traitement. La seule différence est que sa dette est telle qu'il ne pourra jamais la rembourser autrement que symboliquement. Il a donc mis ses bailleurs au pied du mur : ou vous vous payez vous même en monnaie de singe, par des subterfuges comptables, ou vous prenez le risque de faire exploser votre beau système. Finalement ça a du bon un trotskiste pour discuter avec des banquiers. Ceux qui pérorent en expliquant que le Grexit serait sans conséquence sur l'Union ne doivent pas être aussi sûrs d'eux que cela puisqu'ils continuent de maintenir le fil de la négociation et multiplient les annonces de concessions.
Tiens bon Tsipras ! Dans ce monde de mensonge et de comédie on ne voit pas pourquoi tu serais seul à mourir pour l'honneur. Il ne faudrait pas qu'Antigone soit rejouée sur fond de dettes.
Quant à Obama, qui incite les Européens à s'entendre car il craint que l'explosion de l'euro ne propulse le dollar vers des sommets et ne tue la fragile reprise américaine, il nous démontre que générosité et cynisme sont frères jumeaux. Le système monétaire international se mue jour après jour en une immense pyramide de Ponzi, un château de cartes. Et les Grecs sont priés de ne pas éternuer trop fort à côté.
3 - Roubaix, c'est encore la France ?
Quatre nuits d'émeutes traitées avec beaucoup de discrétion par les médias : tout a été fait pour que les problèmes d'immigration et de banlieues ne gâchent pas le printemps des téléspectateurs de Roland-Garros et l'humeur des bobos. Et puis il y a la candidature aux jeux olympiques. Désormais la France ne donnera au monde que des nouvelles po-si-ti-ves.
4 - EDF absorbe Areva avant de faire faillite
La société américaine Tesla va commercialiser dans un futur assez proche des batteries économiques et design qui alimenteront immeubles et appartements et éviteront de passer par le réseau électrique public sauf pour les recharger aux heures creuses. Les maisons équipées de panneaux solaires pourront quant à elles se dispenser purement et simplement d'EDF. Va-t-on préparer le futur grand sinistre industriel français avec un peu d'anticipation pour une fois ?