Woody Allen, c’est un peu comme Claude Chabrol en France : un film tous les ans ou presque, excellent une fois sur trois, sympathique une fois sur trois, un peu raté une fois sur trois.
Il y a deux ans, Allen nous avait livré ce qui restera peut-être comme son chef d’œuvre : « Match Point », l’histoire d’un moniteur de tennis criminel, sorte de Rastignac du smash et de la balle liftée. La simplicité du scenario et de la construction narrative, la subtilité des situations et des dialogues, l’excellence des acteurs : on approchait vraiment du niveau d’un grand drame classique. Allen parvenait à faire citer Sophocle par le moniteur assassin qui justifiait le meurtre de son propre enfant sans que cela parût incongru. Un tour de force qui le mettait au niveau de son maître Bergman, le temps de ce film.
Hélas, dans Vicky – Christina – Barcelona, Allen nous fait une mauvaise rechute. La platitude du titre était-elle déjà le reflet de la difficulté de l’auteur à nous raconter quoi que ce soit d’intéressant en 1 heure 30 ? Toujours est-il que l’on revoit soudain le Allen irritant : des dialogues d’antichambre d’analyste, de la psychologie de boutique branchée, du nombrilisme verbeux.
Les personnages vivent dégagés de toute contrainte financière ou matérielle, ils pilotent des avions, vont dans des palaces, boivent les vins les plus fins, dînent dans les meilleurs restaurants, se font recevoir par des Américains expatriés eux-mêmes servis comme des nababs par des catalanes en blouses proprettes, etc. On évolue au milieu de poètes incompris, de photographes mitraillant le moindre chat de gouttière et de divas suicidaires. Cette accumulation de clichés accouche d’un propos artificiel qui vire au pontifiant par l’intervention quasi-permanente d’une voix off, sorte de narrateur proustien parlant pour ne rien dire.
Le rappel insistant de l’architecture de Gaudi et l’atmosphère estivale ne suffisent pas à donner de l’attrait à un film découpé en saynètes mal jointives, un peu comme ces cartes postales qu’on sépare en tirant sur des bords pointillés. Bref, une œuvre touristique et même anecdotique dont on ne retient pas grand-chose si ce n’est la confrontation entre la cabotine Pénélope Cruz, archétypique de la brune volcanique et la pulpeuse Scarlett Johansson, archétypique de la blonde indolente.
La faiblesse du film est au fond résumée par l’apparente difficulté qu’a eu Allen à montrer des tableaux dignes d’intérêt. Leur commerce est pourtant présumé faire vivre tout ce petit monde. Ceux du peintre qu’incarne Javier Bardem, notamment, sont pâteux et envahis de coulures épaisses, sans sens ni vigueur, comme si Antoni Tapies, catalan digne d’intérêt lui, avait, par mégarde, renversé un pot de peinture sur ses toiles.
Soyons optimistes et concluons-en que Woody a tourné ce film pour se taper la cloche à Barcelone, entouré d’accortes minettes, aux frais de la production … Voilà qui ferait du reste un bon scenario pour Ben Stiller, dont nous saluerons au passage le « Tonnerre sous les tropiques » récemment sorti, tout à fait hilarant et sans prétention dans le genre grosse farce hollywoodienne.
Il y a deux ans, Allen nous avait livré ce qui restera peut-être comme son chef d’œuvre : « Match Point », l’histoire d’un moniteur de tennis criminel, sorte de Rastignac du smash et de la balle liftée. La simplicité du scenario et de la construction narrative, la subtilité des situations et des dialogues, l’excellence des acteurs : on approchait vraiment du niveau d’un grand drame classique. Allen parvenait à faire citer Sophocle par le moniteur assassin qui justifiait le meurtre de son propre enfant sans que cela parût incongru. Un tour de force qui le mettait au niveau de son maître Bergman, le temps de ce film.
Hélas, dans Vicky – Christina – Barcelona, Allen nous fait une mauvaise rechute. La platitude du titre était-elle déjà le reflet de la difficulté de l’auteur à nous raconter quoi que ce soit d’intéressant en 1 heure 30 ? Toujours est-il que l’on revoit soudain le Allen irritant : des dialogues d’antichambre d’analyste, de la psychologie de boutique branchée, du nombrilisme verbeux.
Les personnages vivent dégagés de toute contrainte financière ou matérielle, ils pilotent des avions, vont dans des palaces, boivent les vins les plus fins, dînent dans les meilleurs restaurants, se font recevoir par des Américains expatriés eux-mêmes servis comme des nababs par des catalanes en blouses proprettes, etc. On évolue au milieu de poètes incompris, de photographes mitraillant le moindre chat de gouttière et de divas suicidaires. Cette accumulation de clichés accouche d’un propos artificiel qui vire au pontifiant par l’intervention quasi-permanente d’une voix off, sorte de narrateur proustien parlant pour ne rien dire.
Le rappel insistant de l’architecture de Gaudi et l’atmosphère estivale ne suffisent pas à donner de l’attrait à un film découpé en saynètes mal jointives, un peu comme ces cartes postales qu’on sépare en tirant sur des bords pointillés. Bref, une œuvre touristique et même anecdotique dont on ne retient pas grand-chose si ce n’est la confrontation entre la cabotine Pénélope Cruz, archétypique de la brune volcanique et la pulpeuse Scarlett Johansson, archétypique de la blonde indolente.
La faiblesse du film est au fond résumée par l’apparente difficulté qu’a eu Allen à montrer des tableaux dignes d’intérêt. Leur commerce est pourtant présumé faire vivre tout ce petit monde. Ceux du peintre qu’incarne Javier Bardem, notamment, sont pâteux et envahis de coulures épaisses, sans sens ni vigueur, comme si Antoni Tapies, catalan digne d’intérêt lui, avait, par mégarde, renversé un pot de peinture sur ses toiles.
Soyons optimistes et concluons-en que Woody a tourné ce film pour se taper la cloche à Barcelone, entouré d’accortes minettes, aux frais de la production … Voilà qui ferait du reste un bon scenario pour Ben Stiller, dont nous saluerons au passage le « Tonnerre sous les tropiques » récemment sorti, tout à fait hilarant et sans prétention dans le genre grosse farce hollywoodienne.