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Votre Pot aux Roses est arrivé, allez chercher un vase !



Cette semaine, pour Atlantico, l'horticulteur Federbusch a ramené des roses de Belgique.



Votre Pot aux Roses est arrivé, allez chercher un vase !
1 - La France, dindon de la farce bruxelloise 

Reconnaissons à «Libération» le mérite de la constance. Après avoir soutenu sans faillir François Hollande durant sa campagne électorale, des primaires jusqu’au second tour, voilà que le quotidien titre sur la victoire par 1 à 0 de la France sur l’Allemagne, avec des portraits du président et de la chancelière en guise d’illustration. Il faut être un vrai supporter pour déduire du dernier compromis bruxellois un succès français !

D’abord, il se confirme de jour en jour que le plan de relance voulu par François Hollande est un pur cosmétique. Les 60 milliards d’euros alloués à la Banque européenne d’Investissement correspondent à 10 milliards de recapitalisation par des fonds publics, censés servir de levier sur les marchés financiers. Il en va de même pour les 4,5 milliards d'euros de "Project bonds" : la contribution sur le budget européen n’est en fait que de 230 millions d'euros. Les 50 milliards de fonds structurels sont en réalité des versements en retard d’Etats qui se font tirer l’oreille pour les abonder. Bref, une goutte d’eau dans la mer des déficits nationaux et des besoins en capitaux des banques.

Pour relativiser davantage encore le succès de notre président, notons que la France contribue plus à la BEI qu’elle ne lui emprunte. Ainsi, en dehors des lignes de train à grande vitesse et de la voiture électrique, peu de projets marquants ont été financés par cette institution dans l’hexagone ces dernières années alors pourtant que l’institution accordait près de 60 milliards d’euros de prêts en 2011 (http://www.eib.europa.eu/projects/regions/european-union/index.htm). L’impact net sur notre croissance promet donc d’être marginal.

Mais il y a bien pire. Au cours de cette «nuit des dupes» bruxelloise, Espagnols et Italiens ont pris la France à son propre piège en se servant de ses tiraillements avec l’Allemagne pour obtenir des avantages qui ne concernent qu’eux. La possibilité pour les Espagnols de faire recapitaliser directement leurs établissements bancaires par le Mécanisme européen de solidarité ou pour les Italiens de faire appel aux fonds de secours sans tutelle officielle de la « troïka » sont interprétés comme des «soldes de tous comptes» par les Allemands qui, en échange, ont obtenu un droit de regard accru sur l’utilisation de ces fonds et sur la sincérité des exercices budgétaires nationaux.
La troïka va être remplacée par une «monoïka» germanique, joli succès ! Qu’y avons nous gagné ? Rien. On constate déjà que notre dette publique dérape et approche du seuil des 90 % du PIB, en partie parce que l'Etat français a accordé 9,1 milliards d'euros de prêts aux pays de la zone euro au premier trimestre 2012 dans le cadre du Fonds européen de stabilité financière dont 8,1 milliards à la seule Grèce. Qu’en sera-t-il lorsque Espagne et Italie vont s’adresser au MES, qui prendra la suite du FESF, pour des montants bien plus importants auxquels nous aurons dû lourdement contribuer ?

2 - L’étrange et vaine rigueur

Il faudrait plus que ces statistiques pour faire tomber le masque d’autosatisfaction roublarde qu’arbore en permanence notre président dans toutes ses apparitions publiques. «Je serais au courant tout de même ?» s’interrogeait-il quand on évoquait les réductions du nombre d’agents dans les ministères «non prioritaires». La baisse de leurs effectifs (7,5 % en 3 ans) était dans les tuyaux et, bien sûr, il était au courant.

Depuis 1983, la gauche, encore plus que la droite, invoque l’Europe lorsqu’elle est acculée à ramener un peu d’ordre dans les finances publiques, faute d’oser se référer à la simple rationalité gestionnaire. François Hollande, dans cette continuité, a capitulé en rase campagne sur la renégociation du pacte de stabilité, qui était pourtant l’un de ces principaux arguments de campagne. Des «Eurobonds» promis, il ne reste rien ; de l’austérité tout est à venir, comme le confirme le rapport publié par la Cour des comptes.

Mais à quoi va servir cette purge et que contient-elle exactement ?

D’abord, les chiffres sont flous. On parle de maintien des effectifs globaux dans la fonction publique avec 65 000 emplois créés dans l’éducation, la police et la justice et à peu près autant supprimés ailleurs. Il n’y aura donc aucune économie substantielle à en attendre sauf - ce serait une nouvelle entourloupe gouvernementale - à ce que les embauches dans l’éducation soient moins nombreuses qu’annoncées. Il sera toujours possible en effet de parler de difficultés de recrutement ou de contraintes financières accrues pour, dans un an au plus, escamoter cette promesse.

Plus sûrement, les vraies victimes de l’austérité «hollandaise» seront les dépenses d’intervention et les investissements : - 15 % en trois ans, a annoncé Jean-Marc Ayrault. Un vrai coup de massue ! Par-delà le flou de ses déclarations, le nouveau pouvoir a choisi de faire supporter les efforts aux fournisseurs et partenaires de l’administration plutôt qu’aux fonctionnaires et, parmi ces derniers, aux non-enseignants plus qu’aux enseignants. Sa rigueur est clientéliste. Elle aura pour effet de fragiliser avant tout les entreprises et les actifs du secteur privé, ceux qui souffrent le plus et sont soumis à la concurrence internationale. Couplées à la hausse des impôts qui pèsera là encore sur les entreprises et les ménages, ces réductions de dépense auront un effet récessif prononcé, au moment où il faudrait adopter une politique pro-business pour soutenir l’investissement et l’innovation.

Hélas pour le gouvernement, le rapport de la Cour des comptes démontre que cette austérité sélective ne suffira pas, loin s’en faut : il faudrait également taper durement dans les aides à l’Outre-mer, le régime des intermittents du spectacle, le calcul des droits à la retraite dans la fonction publique, geler les avancements, le point d’indice, réduire les transferts aux collectivités locales, etc. Tous ces sujets, dans le discours gouvernemental, sont renvoyés à de vagues concertations.

Mais le pire est pour la fin : le risque d’austérité perpétuelle que dénonçait François Hollande il y a encore quelques semaines se précise. Car les annonces de Bruxelles ont eu pour effet immédiat de faire remonter le taux de change de l’euro, plombant notre compétitivité et notre croissance. Le vice de fabrication qui mine l’Euroland va continuer de nous saigner : les efforts d’assainissement sont quasi-mécaniquement anéantis par la surévaluation de l’euro dans des pays d’Europe du Sud (France comprise) dont les industries sont désormais anémiées.

Alors ? Il y a fort à parier que, devant l’approfondissement de la récession, les proclamations réformatrices s’estomperont, les rapports administratifs tonitruants seront remisés et les objectifs de réduction des déficits repoussés à des horizons plus lointains, nous replaçant face à la défiance des marchés et à celle de partenaires allemands dont il faudra soit accepter les diktats, soit divorcer pour de bon.

Maigre consolation, par les choix qu’il fait en ce moment même, par cette austérité incohérente, insuffisante et mal dirigée, le pouvoir socialiste scelle déjà son sort.

3 - Aubry, future chef de l’opposition ?

La nature politique, comme toutes les autres natures, a horreur du vide. Puisque l’UMP est partie pour se déchirer pendant quelques mois si ce n’est quelques années, que le Front de Gauche est muet d’indignation devant sa propre naïveté face aux socialistes, que les Verts sont on ne peu plus pâles et que le Front national est retourné à la vie végétative familiale dont il ne sort qu’à l’occasion des élections, l’opposition va devoir s’incarner en une forme imprévue.

Sera-ce Martine Aubry, elle qui, après avoir déclaré qu’elle cèderait à d’autres la tâche ingrate de diriger le parti socialiste, laisse désormais entendre qu’elle rempilerait bien ? La majorité rose horizon dans dispose le PS a quelque chose d’incommodant pour lui-même et les appétits de tout ce petit monde vont se transformer en autant de frustrations pour qui ne sera pas suffisamment servi. Quant à la mauvaise humeur populaire, qui ne fera que croître, elle sera le terreau idéal pour que certains à gauche s’ingénient à se démarquer du gouvernement.

Martine Aubry, la moins récompensée de la tribu, serait parfaite dans le rôle de première opposante, vivante illustration du vieux principe : « Quand on a des amis comme ceux-là, on n’a pas besoin d’ennemis ».

4 - Laissez-les vivre !

Le droite va-t-elle tomber dans le piège grossier du débat sur le mariage et l’adoption par les homosexuels ? Quand la gauche s’enlise dans l’économique et qu’elle déçoit dans le social, elle cherche à se refaire une santé politique dans le sociétal. Avantage annexe : la droite s’écharpe entre vrais anciens et faux modernes et offre tout ce qu’il faut de prétexte à la nouvelle bien-pensance pour se moquer d’elle. Alors, laissons les socialistes présenter leurs textes sans leur accorder d’attention particulière, c’est ce qui les énervera le plus.
En libéral assumé, nous estimons que l’Etat n’a pas à s’occuper de la manière dont des individus adultes et consentants choisissent de contracter entre eux les conditions matérielles de leur vie commune : qu’ils fassent ce qu’ils veulent.

Quant à l’adoption, sujet plus délicat il est vrai même s’il concerne peu d’individus, il faut que les services en charge de protéger les enfants dans cette procédure fassent leur travail et s’assurent que l’homosexualité ne soit pas présentée comme le seul mode de vie possible par les parents adoptifs. C’est le droit à la différence jusqu’au bout, y compris pour l’enfant. Ni plus ni moins.

5 - La liste noire de Médiapart s’allonge !

Après quelques préfets, l’ambassadeur de France en Tunisie et des recteurs, Médiapart, le meilleur ami de la diversité d’opinion et de la liberté de conscience, a débusqué un nouveau sarkozyste terré dans l’administration : le Haut Commissaire à la diversité, Yazid Sebag (http://www.mediapart.fr/journal/france/020712/le-commissaire-la-diversite-de-sarkozy-saccroche-son-poste). Brrr ... ça fait froid dans le dos. Et dire qu’il doit s’en cacher d’autres ! Médiapart doit agir vite et nous dire lesquels.

Lire ICI.

Mardi 3 Juillet 2012
Serge Federbusch





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