1 - Devinette d'été
A l'heure actuelle, l'opposition ne contrôle qu'une seule des régions françaises : l'Alsace. Malgré le découpage douteux permis par la réduction du nombre de ces collectivités, sans bien sûr aucune limitation de leurs dépenses ne rêvons pas, les possessions socialistes sont toutes menacées. La seule région qui paraisse "sauvable" du point de vue gouvernemental est le Ségoland, conglomérat Poitou-Charentes-Aquitaine-Limousin taillé sur mesure pour la ministre du désordre verbal et de la décroissance.
Face à une déroute comme aucun parti n'en aura connu lors d'élections intermédiaires sous la Cinquième république, Hollande tentera certainement de se réfugier dans le mutisme et le louvoiement. On conçoit mal pourtant que les députés socialistes se laissent mener à la boucherie en 2017 sans réagir après une telle défaite. Faisons confiance à Montebourg pour les motiver et réclamer des primaires qu'Hollande et Cambadélis tenteront d'éviter, déclenchant une crise intestine de grande ampleur. Il serait d'ailleurs de bon ton, pour les leaders de l'opposition, de motiver les électeurs. Vous voulez vous débarrasser au plus vite de Mou-Président ? Privez-le de toutes les régions !
2 - Pendant les vacances la faillite continue
Profitons des moments de calme estival pour dépoussiérer nos calculettes et effectuer quelques divisions et multiplications qui démontrent combien le calme apparent sur le front des finances publiques est annonciateur de futures tempêtes si l'on considère notamment le dernier chiffre de stagnation de notre PIB.
Retenez bien ces données.
Fin 2011, le PIB français s'élevait à 2059 milliards d'euros. Fin 2014, il atteignait 2132 milliards. Fin 2011, la dette publique au sens de Maastricht s'élevait à 1717 milliards pour atteindre 2037 milliards fin 2014.
Comme nous ne disposons pas de statistiques définitives pour le premier semestre 2015, nous nous sommes contenté de ces chiffres, mais les tendances observables depuis le début de cette année sont les mêmes. Ainsi, la dette publique a-t-elle crû de 18,63 % alors que le PIB n'augmentait que de 3,54 % sur cette période de trois ans. Dit autrement, la dette a crû de 320 milliards d'euros courants contre seulement 73 milliards pour le PIB.
Il faut en conclure que la France a détruit en trois ans 247 milliards de richesse nette. Ceci correspond à 11, 58 % du PIB, selon les chiffres atteints fin 2014. Bref, la destruction annuelle moyenne de richesse équivaut désormais au montant du déficit public.
Cela ne signifie pas que ledit déficit soit à l'origine exclusive de cette volatilisation. Mais cela suffit à montrer l'inanité des préconisations d'un keynésianisme abâtardi qui cache la volonté des clientèles et des "élites" de l'Etat de faire perdurer une situation qui ressemble chaque jour un peu plus à une faillite.
A ce rythme, et il y a très peu de chances que la situation s'améliore sensiblement d'ici 2017, la présidence Hollande se sera traduite par une destruction de 15 % de la richesse produite en un an sur le sol français, un pourcentage supérieur au résultat de son prédécesseur qui avait pourtant dû, en ce qui le concerne, faire face à la grave crise internationale de 2008. Hollande aurait pu bénéficier du fameux "alignement de planètes" marqué par la baisse concomitante des prix de l'énergie, du taux de change de l'euro et des taux d'intérêt. Il n'en tire qu'un avantage minime.
En un mot, la situation de nos finances publiques est de plus en plus désastreuse et l'annonce de la stagnation du PIB au deuxième trimestre 2015 va aggraver les choses. L'agence de notation Moody's ne s'y est pas trompée. Elle relève un inquiétant repli des recettes fiscales nettes de l'État au premier semestre (- 1 % par rapport à la même période en 2014) alors que les dépenses publiques n'ont reculé que de 0,3 %. A quand la prochaine dégradation ?
Ajoutons enfin que les chiffres de Maastricht sont trompeurs. Si l'on tient compte des engagements de la France auprès du MESF ou du FMI, qui ne peuvent plus être considérés comme théoriques car ils devront servir par exemple à éponger le désastre financier grec, il faudrait augmenter de plus de 100 milliards d'euros le montant de notre dette publique.
Et tout cela se produit malgré une politique monétaire de la BCE plus qu'accommodante, au prix du viol de ses propres statuts. Plutôt que d'agir directement sur le cours de l'euro, en annonçant par exemple un objectif de taux versus le dollar et le yuan, la BCE opère par le truchement du rachat de dettes publiques sur le marché secondaire et l'augmentation corrélative de la masse monétaire qui n'a qu'un effet limité sur un des problèmes majeurs des pays du Sud : la surévaluation de la devise européenne au regard de leurs capacités économiques. Bref, la BCE continue de manier un bistouri avec des gants de boxe.
Quant à la deuxième partie du problème français : l'hypertrophie d'un secteur public sous productif et la pesanteur de règlementations absurdes, il n'a été abordé que par le biais de mesurettes du type de la loi Macron qui prennent grand soin de ne jamais toucher la clientèle électorale socialiste, précisément celle qui a le plus à perdre, à court terme, aux nécessaires réformes.
Hé bien, ce n'est pas grave, remettons un peu de crème bronzante avant l'éruption du volcan ...
3 - Des paris à Chinois
Le pacte implicite entre les grandes banques centrales du monde entier (Fed, BCE, Banques de Chine, d'Angleterre et du Japon) pour augmenter concomitamment la masse monétaire et réduire à quasiment rien les taux d'intérêt, de telle manière qu'aucune devise ne soit attaquée en particulier puisque toutes sont sous l'effet de la même politique au même moment, est en train de se lézarder.
Ce ne sont pas les nombreuses victimes périphériques de cet accord douteux qui sont la cause de cette fragilité. Le Brésil par exemple, comme beaucoup de pays producteurs de matières premières, ne peut user du même stratagème à défaut de disposer d'un tel privilège monétaire. Il voit le prix de ses exportations chuter, doit appliquer une politique de freinage budgétaire et est consécutivement en proie à des troubles sociaux grandissants. Demandez à Dilma Roussef ce qu'elle en pense.
Ce ne sont pas non plus les secteurs économiques que les Etats, malgré cette aide somme toute défensive des banques centrales, ne parviennent plus à protéger. On en a l'exemple avec l'élevage français.
C'est tout simplement que, chacun des membres de cette sorte d'oligopole, utilisant le même outil, ne dispose plus d'un avantage de compétitivité sur les autres. Pékin en revient donc à la bonne vieille dévaluation qui, malgré les déclarations lénifiantes de circonstance, pèsera sur ses concurrents américains et européens. Ne reste plus qu' à attendre que les marchés finissent par s'incommoder du hiatus entre le niveau des actions des entreprises européennes et américaines et celui de leurs profits pour qu'une nouvelle bourrasque boursière se lève.