Effeuille la si tu peux !
1 - Reductio ad Dieudonnum
Après le reductio ad Hitlerum et le reductio ad Stalinum, qui consistent à renvoyer ceux qui nous dérangent à une affinité nazie ou communiste pour dénier leur droit à l'expression, allons-nous connaître, en France, le reductio ad Dieudonnum ?
On pourrait le craindre en découvrant la prose de l'insurpassable Roger-Petit sur le Nouvel Obs.com, qui explique doctement que le film de Ferrara sur DSK est une oeuvre conçue pour ... les partisans de Dieudonné !
L'affaire DSK aura marqué plus profondément qu'on le pense la vie intellectuelle et politique française de ces dernières années. Non pas, bien sûr, par la révélation en place publique des séances de sport collectif auxquelles s'adonnait l'ex futur président de la République promis par la gauche à la France. Mais par l'incroyable et nauséabonde entreprise de déni, menée par les médias dominants et une large fraction des politiciens, pour tenter de protéger un cacique. On vit des grandes consciences autoproclamées se distinguer en expliquant que les faits n'étaient pas si graves, qu'il n'y a pas mort d'homme quand il n'y a que viol allégué. Et combien se précipitèrent pour décréter que puisque cette pauvresse, cette femme de ménage, était entrée aux Etats-Unis en mentant sur un formulaire, elle inventait forcément l'agression de toute pièce. Pensez-vous, une femme, une noire, ancillaire, que dis-je, presque clandestine ! Ces gens du commun n'ont droit à la compassion de l’oligarchie progressiste que lorsqu'ils n'incommodent pas les princes.
Le film de Ferrara, bien qu'il soit tourné par un réalisateur de renommée internationale, interprété par la plus grande star masculine du cinéma français, qu'il traite d'un sujet ayant déchaîné les passions et qu'il soit promu par des hommes d'affaires roués, n'a pas réussi à être distribué dans les salles obscures. Il faisait trop peur. Avec roublardise, Vincent Maraval, le producteur, a surfé sur cette omerta pour créer un désir d'interdit et jouer à saute moutons en se passant d'une diffusion standard. Tant mieux pour lui. A Cannes, les plumitifs de la presse rebelle et subventionnée ont dénoncé, outrés, un scandaleux parasitage du festival officiel. Il faut avoir du respect pour les noeuds papillons quand même ! Surtout quand on ne porte que cela comme vêtement.
On verra bientôt le résultat commercial de cette agitation de palmiers. Quel qu'il soit, le buzz a triomphé de l'autocensure, la libre parole sur l'interdit.
Mais la nomenklatura socialo-médiatique n'avait pas dit son dernier mot. Puisqu'il faut bâtir une dernière digue contre le rappel inopportun des frasques d'un puissant, voilà qu'on convoque l'ultima ratio : le procès en antisémitisme. On fait tourner dans l’air un gros marteau pour écraser la vilaine mouche.
Deverreau plutôt que Strauss-Kahn ... pourquoi, a contrario, ne pas avoir accusé Ferrara de philosémitisme excessif pour n'avoir pas donné à son anti-héros débauché un patronyme juif, contrairement à la réalité ? Dire, sans en faire le sujet central du film loin de là, qu'Anne Sinclair est juive et soutient Israël, est-ce être antisémite ? Cela ne la rend ni antipathique ni sympathique, sauf précisément pour ceux qui n'aiment ni les Juifs ni Israël. Elle est riche et dispose de solides connexions, ce qui arrive aussi à des "goys" figurez vous. Cette puissance était une des clés de la contre-offensive menée par le camp DSK pour nier les évidences, escamoter Banon, le Carlton et le Sofitel tout à la fois. Il était donc nécessaire que Ferrara aborde de front la question. Un pauvre, juif ou pas, ne se serait pas trouvé dans une suite à New-York et n'aurait pas eu droit à un tel déchaînement médiatique, que voulez-vous.
Ce sont deux penseurs juifs, Leo Strauss et George Steiner, qui forgèrent et dénoncèrent naguère la "reductio ad Hitlerum", procédé rhétorique consistant à disqualifier les arguments d'un adversaire en les associant à Hitler ou tout autre personnage malfaisant du passé. Scribouillards bien-pensants et potentats à la dérive, liés les uns aux autres sur le radeau d'une France qui tangue, sont les petits pagayeurs de ce genre d'esquive, ils agitent l’antisémitisme comme un leurre.
Mais "Welcome to New-York", malgré les obstacles, a été tourné, produit et distribué. Quand bien même ce serait un navet, peu importe. Vous pourrez vous faire une opinion en le visionnant. Son existence est la preuve heureuse que la camisole sur la liberté d'expression se desserre, largement grâce à Internet que l’exception culturelle française elle-même ne parvient pas à museler.
2 - Trajectoire de conflit
Pour justifier les mesures électoralo-clientélistes annoncées en rafale ces derniers jours notamment la baisse des cotisations sociales pour les salaires du privé et les traitements des fonctionnaires compris entre 1 et 1,3 fois le Smic, le gouvernement prétend qu'elle s'inscrit dans une mystérieuse "trajectoire des finances publiques" et ne remet pas en cause les 50 milliards d'économies prévues pour 2015 à 2017 non plus que le mirifique objectif de réduction du déficit. En réalité, il s'agit d'une baisse de cotisations qui consiste en l'annulation d'une hausse prévue laquelle vient s'imputer sur une économie qui tient à une augmentation qui n'aura pas lieu. Vous me suivez ? Une telle rouerie, cela mériterait quand même mieux qu'un taux de popularité à moins de 20 %. Les Français sont des ingrats.
3 - Molitor non partagé
Serait-elle remplie de vin de champagne, comme la baignoire de Marilyn, pour justifier une trempette à 180 euros la journée ? La nouvelle piscine Molitor, portée sur les fonts municipaux par les socialistes, ne ressemblera guère à un melting pot, c'est certain. Au passage, le bassin d'hiver, qui devait être ouvert au bon peuple à des conditions raisonnables, sera réservé lui aussi à l’apnée ploutocratique. Sarkozy n'a pu s'y baigner car il y a trop de chlore et Lang ne le veut pas car elle est trop chère. Grâce à Molitor, gauche et droite sont unies et réconciliées. A sec.
Après le reductio ad Hitlerum et le reductio ad Stalinum, qui consistent à renvoyer ceux qui nous dérangent à une affinité nazie ou communiste pour dénier leur droit à l'expression, allons-nous connaître, en France, le reductio ad Dieudonnum ?
On pourrait le craindre en découvrant la prose de l'insurpassable Roger-Petit sur le Nouvel Obs.com, qui explique doctement que le film de Ferrara sur DSK est une oeuvre conçue pour ... les partisans de Dieudonné !
L'affaire DSK aura marqué plus profondément qu'on le pense la vie intellectuelle et politique française de ces dernières années. Non pas, bien sûr, par la révélation en place publique des séances de sport collectif auxquelles s'adonnait l'ex futur président de la République promis par la gauche à la France. Mais par l'incroyable et nauséabonde entreprise de déni, menée par les médias dominants et une large fraction des politiciens, pour tenter de protéger un cacique. On vit des grandes consciences autoproclamées se distinguer en expliquant que les faits n'étaient pas si graves, qu'il n'y a pas mort d'homme quand il n'y a que viol allégué. Et combien se précipitèrent pour décréter que puisque cette pauvresse, cette femme de ménage, était entrée aux Etats-Unis en mentant sur un formulaire, elle inventait forcément l'agression de toute pièce. Pensez-vous, une femme, une noire, ancillaire, que dis-je, presque clandestine ! Ces gens du commun n'ont droit à la compassion de l’oligarchie progressiste que lorsqu'ils n'incommodent pas les princes.
Le film de Ferrara, bien qu'il soit tourné par un réalisateur de renommée internationale, interprété par la plus grande star masculine du cinéma français, qu'il traite d'un sujet ayant déchaîné les passions et qu'il soit promu par des hommes d'affaires roués, n'a pas réussi à être distribué dans les salles obscures. Il faisait trop peur. Avec roublardise, Vincent Maraval, le producteur, a surfé sur cette omerta pour créer un désir d'interdit et jouer à saute moutons en se passant d'une diffusion standard. Tant mieux pour lui. A Cannes, les plumitifs de la presse rebelle et subventionnée ont dénoncé, outrés, un scandaleux parasitage du festival officiel. Il faut avoir du respect pour les noeuds papillons quand même ! Surtout quand on ne porte que cela comme vêtement.
On verra bientôt le résultat commercial de cette agitation de palmiers. Quel qu'il soit, le buzz a triomphé de l'autocensure, la libre parole sur l'interdit.
Mais la nomenklatura socialo-médiatique n'avait pas dit son dernier mot. Puisqu'il faut bâtir une dernière digue contre le rappel inopportun des frasques d'un puissant, voilà qu'on convoque l'ultima ratio : le procès en antisémitisme. On fait tourner dans l’air un gros marteau pour écraser la vilaine mouche.
Deverreau plutôt que Strauss-Kahn ... pourquoi, a contrario, ne pas avoir accusé Ferrara de philosémitisme excessif pour n'avoir pas donné à son anti-héros débauché un patronyme juif, contrairement à la réalité ? Dire, sans en faire le sujet central du film loin de là, qu'Anne Sinclair est juive et soutient Israël, est-ce être antisémite ? Cela ne la rend ni antipathique ni sympathique, sauf précisément pour ceux qui n'aiment ni les Juifs ni Israël. Elle est riche et dispose de solides connexions, ce qui arrive aussi à des "goys" figurez vous. Cette puissance était une des clés de la contre-offensive menée par le camp DSK pour nier les évidences, escamoter Banon, le Carlton et le Sofitel tout à la fois. Il était donc nécessaire que Ferrara aborde de front la question. Un pauvre, juif ou pas, ne se serait pas trouvé dans une suite à New-York et n'aurait pas eu droit à un tel déchaînement médiatique, que voulez-vous.
Ce sont deux penseurs juifs, Leo Strauss et George Steiner, qui forgèrent et dénoncèrent naguère la "reductio ad Hitlerum", procédé rhétorique consistant à disqualifier les arguments d'un adversaire en les associant à Hitler ou tout autre personnage malfaisant du passé. Scribouillards bien-pensants et potentats à la dérive, liés les uns aux autres sur le radeau d'une France qui tangue, sont les petits pagayeurs de ce genre d'esquive, ils agitent l’antisémitisme comme un leurre.
Mais "Welcome to New-York", malgré les obstacles, a été tourné, produit et distribué. Quand bien même ce serait un navet, peu importe. Vous pourrez vous faire une opinion en le visionnant. Son existence est la preuve heureuse que la camisole sur la liberté d'expression se desserre, largement grâce à Internet que l’exception culturelle française elle-même ne parvient pas à museler.
2 - Trajectoire de conflit
Pour justifier les mesures électoralo-clientélistes annoncées en rafale ces derniers jours notamment la baisse des cotisations sociales pour les salaires du privé et les traitements des fonctionnaires compris entre 1 et 1,3 fois le Smic, le gouvernement prétend qu'elle s'inscrit dans une mystérieuse "trajectoire des finances publiques" et ne remet pas en cause les 50 milliards d'économies prévues pour 2015 à 2017 non plus que le mirifique objectif de réduction du déficit. En réalité, il s'agit d'une baisse de cotisations qui consiste en l'annulation d'une hausse prévue laquelle vient s'imputer sur une économie qui tient à une augmentation qui n'aura pas lieu. Vous me suivez ? Une telle rouerie, cela mériterait quand même mieux qu'un taux de popularité à moins de 20 %. Les Français sont des ingrats.
3 - Molitor non partagé
Serait-elle remplie de vin de champagne, comme la baignoire de Marilyn, pour justifier une trempette à 180 euros la journée ? La nouvelle piscine Molitor, portée sur les fonts municipaux par les socialistes, ne ressemblera guère à un melting pot, c'est certain. Au passage, le bassin d'hiver, qui devait être ouvert au bon peuple à des conditions raisonnables, sera réservé lui aussi à l’apnée ploutocratique. Sarkozy n'a pu s'y baigner car il y a trop de chlore et Lang ne le veut pas car elle est trop chère. Grâce à Molitor, gauche et droite sont unies et réconciliées. A sec.